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compte. » Il se donne dans cette lettre le nom de scolastique[1].

Cependant, malgré son caractère, il lui fallut s’exiler pour quelque temps avec tous les autres philosophes, lorsque Sophocle, fils d’Amphiclidès, eut fait rendre une loi qui défendait, sous peine de mort, de tenir école sans l’autorisation du sénat et du peuple. Mais dès l’année suivante ils purent revenir : car Sophocle ayant été accusé à son tour par Philion comme violateur des lois, les Athéniens le condamnèrent à une amende de cinq talents, rapportèrent le décret et rappelèrent les philosophes afin que Théophraste pût revenir et enseigner comme auparavant.

Son véritable nom était Tyrtame ; Aristote lui donna celui de Théophraste par allusion à la grâce divine de son langage. Aristippe rapporte dans le quatrième livre de la Sensualité antique qu’il était épris du fils d’Aristote, Nicomaque, quoique celui-ci fût son disciple. On prétend aussi qu’Aristote disait de lui et de Callisthène ce que Platon avait dit d’Aristote et de Xénocrate, comme on l’a vu plus haut : opposant l’admirable pénétration de Théophraste et sa facilité d’élocution à la lenteur d’esprit de Callisthène, il disait que l’un avait besoin de frein et l’autre d’éperon. On dit qu’après la mort d’Aristote, Théophraste posséda en propre un jardin, pour l’acquisition duquel il fut aidé par Démétrius de Phalère dont il avait l’amitié.

On lui attribue quelques maximes remarquables : il disait, par exemple, qu’il vaut mieux se fier à un cheval sans frein qu’à un discours sans méthode. Dans un repas, voyant quelqu’un garder un silence absolu,

  1. Chef d’école.