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il répondit par le vers suivant :

Prends-moi, ô mon hôte, ou pour ta servante, ou pour ton épouse.

À partir de ce moment, ils furent inséparables. On dit que Théophraste fut sensible à cet abandon, et s’écria : « Quel jeune homme plein d’avenir, quelle heureuse nature mon école a perdu  ! » Et, en effet, lorsqu’il se fut formé à un mâle usage de la parole, lorsqu’il eut acquis d’assez vastes connaissances, il s’appliqua aussi à la poésie. On a de lui quelques épigrammes, celle-ci entre autres sur Attale :

Ce n’est pas seulement par les armes que Pergame s’est illustrée ; la divine Pise a mille fois célébré ses coursiers ; et, s’il est permis à un mortel de pénétrer la pensée de Jupiter, l’avenir lui réserve encore de plus brillantes destinées.

Et cette autre sur Ménodore, qu’aimait Eudamus son compagnon d’études :

Loin de la Phrygie, loin de la sainte Thyatire, ô Ménodore, loin de Cadane ta patrie, tu meurs ; mais, comme on dit, la route qui conduit à l’Achéron est partout ouverte. Eudamus t’a élevé ce magnifique monument, Eudamus dont tu fus le serviteur chéri entre tous.

Il avait une prédilection toute particulière pour Homère, et en lisait toujours quelque passage avant de s’endormir ; le matin, à peine levé, il reprenait sa lecture favorite, en disant qu’il allait retrouver ses amours. Il disait de Pindare qu’aucun modèle n’était plus propre à donner une élocution riche et abondante, une heureuse fécondité d’expressions. Il avait aussi fait dans sa jeunesse un éloge critique d’Ion.

Il suivit les leçons du géomètre Hipponicus, homme d’un esprit lourd et épais, mais fort habile dans son