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Lorsque par hasard il se rendait à la ville, les gens turbulents et les débauchés se rangeaient pour le laisser tranquillement passer. Un jour, la courtisane Phryné voulant l’éprouver, feignit d’être poursuivie et se réfugia dans sa chambre. Il la reçut par humanité, et, comme il n’avait qu’un seul lit, il lui en céda la moitié, à sa demande. Mais elle eut beau employer sur lui toutes ses séductions, il lui fallut partir comme elle était venue ; et lorsqu’on lui demanda le résultat de ses tentatives, elle répondit : « Ce n’est pas à un homme que j’ai eu affaire, mais à une statue. » D’autres prétendent que ses disciples avaient mis dans son lit la courtisane Laïs. On assure d’un autre côté que, pour se maintenir dans cette chasteté rigide qu’il s’était imposée, il lui arrivait souvent de se soumettre volontairement à des opérations douloureuses. Sa bonne foi était si bien connue, que pour lui seul les Athéniens admirent une exception à la loi qui ordonnait de prêter serment avant de rendre témoignage. La simplicité de ses goûts n’était pas moins remarquable : Alexandre lui ayant fait passer une somme considérable, il préleva seulement trois mille drachmes attiques et renvoya le reste, en disant qu’Alexandre avait plus besoin d’argent que lui, puisqu’il avait plus de monde à nourrir. Myronianus rapporte également, dans les Faits semblables, qu’il refusa un présent d’Antipater. Vainqueur dans la fête annuelle des Choées[1], et honoré d’une couronne d’or proposée par Denys à celui qui aurait le premier vidé sa coupe, il la déposa en sortant aux pieds d’un Hermès qui était à la porte, et auquel il avait coutume d’offrir des couronnes de fleurs.

Il fit partie, dit-on, d’une ambassade envoyée à Phi-

  1. Fête des libations.