Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.

puisqu’il est lui-même ce qu’il y a de plus beau, ne peut ressembler à aucun des êtres produits ; il ne peut donc avoir d’autre modèle que Dieu.

Le monde est composé de feu, d’eau, d’air et de terre : de feu, pour qu’il soit visible ; de terre pour qu’il soit solide ; quant à l’air et à l’eau, ils établissent le rapport entre les deux autres éléments ; car il faut nécessairement deux moyens termes pour mettre en rapport les solides et réaliser l’unité du tout ; enfin le monde est formé de tous ces éléments ensemble pour qu’il soit parfait et impérissable.

Le temps a été produit à l’image de l’éternité[1] ; celle-ci n’a ni commencement ni fin, tandis que l’existence du temps est inhérente au mouvement du ciel. En effet, la nuit, le jour, le mois, sont des parties du temps ; sans l’existence du monde il n’y aurait donc pas de temps ; car c’est avec le monde qu’il a pris naissance. C’est en vue du temps que Dieu a créé le soleil, la lune et les planètes ; c’est afin de rendre sensible la succession des heures et de mettre les animaux en possession du nombre qu’il a allumé le flambeau du soleil.

Immédiatement au-dessus du cercle de la terre est celui de la lune ; vient ensuite celui du soleil, et au-dessus ceux des planètes. Le monde tout entier est animé ; car le mouvement qui l’emporte suppose l’âme et la vie. Pour que l’univers fût parfait et ressemblât de tout point à l’animal idéal[2], Dieu créa les diverses espèces d’êtres animés ; car, puisqu’ils étaient dans l’animal idéal, il fallait qu’ils fussent aussi dans le ciel[3].

  1. L’expression de Platon est bien plus belle : « Une image mobile de l’éternité. »
  2. Cet animal idéal est l’idée, l’exemplaire de tout l’univers.
  3. C’est-à-dire dans l’univers.