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On lui demandait s’il laisserait quelque monument durable, comme les philosophes qui l’avaient précédé. « Il faut d’abord, dit-il, se faire un nom ; après cela le reste viendra. »

Xénocrate étant entré chez lui, il le pria de fouetter à sa place un de ses esclaves, parce qu’il ne voulait pas le châtier lui-même dans un moment de colère. Une autre fois, il dit à un esclave : « Je te fouetterais si je n’étais irrité. » Il monta un jour à cheval, et mit aussitôt pied à terre, sous prétexte que le cheval pourrait lui communiquer sa fierté. Il conseillait aux ivrognes de se regarder dans un miroir, afin que la vue de leur dégradation les en préservât à l’avenir. Il disait que jamais il ne convient de boire jusqu’à l’ivresse, excepté cependant dans les fêtes du dieu auquel on doit le vin. Il blâmait aussi l’excès du sommeil ; ainsi il dit dans les Lois : « Un homme qui dort n’est bon à rien. » Il prétendait que ce qu’il y a de plus agréable c’est d’entendre la vérité, — ou selon d’autres, de la dire. Voici, du reste, comment il parle de la vérité dans les Lois : « La vérité, cher hôte, est chose belle et durable ; mais il n’est pas facile de le persuader aux hommes. » Il désirait que son nom se perpétuât, ou dans le souvenir de ses amis, ou par ses ouvrages. On assure aussi qu’il faisait de fréquents voyages.

Nous avons dit comment il mourut. Phavorinus, dans le troisième livre des Commentaires, rapporte cet événement à la treizième année du règne de Philippe. Théopompe parle de reproches que ce prince lui aurait adressés. D’un autre côté, Myronianus, dans les Faits semblables, rapporte un proverbe, cité par Philon, duquel il résulterait que Platon a succombé à une maladie pédiculaire. Ses disciples lui firent de magnifiques funérailles, et l’ensevelirent à l’Académie