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Platon était assez mal avec Aristippe : ainsi il l’accuse, dans le traité de l’Âme, de ne s’être pas trouvé à la mort de Socrate, quoiqu’il fût alors à Égine, à peu de distance d’Athènes. Il n’aimait pas non plus Eschine, car il était jaloux de l’estime que Denys avait pour lui. On raconte à ce sujet que le besoin ayant conduit Eschine en Sicile, Platon lui refusa son appui, et que ce fut Aristippe qui le recommanda au tyran. Idoménée assure de son côté que ce ne fut pas Criton, comme le suppose Platon, mais bien Eschine qui proposa à Socrate de favoriser son évasion ; Platon n’aurait attribué cette offre au premier que par suite de la haine qu’il portait à Eschine. Du reste, Platon ne cite jamais Eschine dans ses dialogues, excepté pourtant dans le traité de l’Âme et dans l’Apologie.

Aristote remarque que sa manière tient le milieu entre la poésie et la prose. Phavorinus dit quelque part que lorsqu’il lut son traité de l’Âme, Aristote resta seul à l’écouter, et que tous les autres partirent. Philippe d’Oponte passe pour avoir transcrit les Lois que Platon avait laissées seulement sur ses tablettes ; on lui attribue aussi l’Épinomis. Euphorion et Panétius disent que l’on trouva un grand nombre de variantes pour l’exorde de la république. Aristoxène prétend de son côté que cet ouvrage se trouvait déjà presque tout entier dans les Contradictions de Protagoras. Le Phèdre passe pour sa première composition ; et à vrai dire, ce dialogue sent un peu le jeune homme ; Dicéarque va même jusqu’à blâmer tout l’ensemble de cet ouvrage, et n’y trouve ni art ni agrément.

Platon ayant vu un homme jouer aux dés, lui adressa des reproches : « Tu me chicanes pour peu de chose, lui dit celui-ci. — Crois-tu donc, reprit Platon, que l’habitude soit peu de chose ? »