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Cypris dit aux Muses : Jeunes filles, rendez hommage à Vénus, ou j’envoie contre vous l’amour avec ses traits. — Cesse ce badinage, dirent les Muses ; cet enfant ne vole pas de notre côté.

Ceux-ci enfin :

Un homme allait se pendre ; il trouve un trésor et laisse sa corde à la place. Le maître du trésor ne le trouvant plus prend la corde et se pend.

Molon haïssait Platon et dit un jour qu’il était bien moins étonnant de voir Denys à Corinthe que Platon en Sicile. Xénophon paraît aussi avoir été assez mal disposé pour lui. Ils semblent même avoir mis une sorte de rivalité à traiter tous les deux les mêmes sujets : le Banquet, l’Apologie de Socrate, les Commentaires moraux. En outre, Platon a traité de la République, et Xénophon de l’Éducation de Cyrus. — Platon, dans les Lois, dit que ce dernier ouvrage est une pure utopie, et que Cyrus ne ressemblait en rien au portrait qu’en fait Xénophon. — Tous deux ils citent fréquemment Socrate, mais ils ne se citent jamais l’un l’autre ; une seule fois cependant Xénophon nomme Platon dans le troisième livre des Mémoires.

On raconte qu’Antisthène vint un jour prier Platon d’assister à la lecture d’un de ses ouvrages ; Platon lui en demanda le sujet. « Sur l’impossibilité de contredire, répondit Antisthène. — Alors, reprit Platon, pourquoi écris-tu sur cette question ? » et il lui montra qu’il faisait un cercle vicieux. Antisthène blessé écrivit contre Platon un dialogue intitulé Sathon, et à partir de ce moment ils furent ennemis. On dit aussi que Socrate ayant entendu Platon lire le Lysis, s’écria : « Dieux ! que de choses ce jeune homme me prête ! » Et en effet, il a mis sous le nom de Socrate beaucoup de choses que celui-ci n’a jamais dites.