Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du philosophe ; car Porphyre ne dit pas : « Un certain Potamon, » mais tout simplement « Potamon, » ce qui indique un personnage très-connu et qu’il est inutile de désigner autrement. Cependant on s’est tellement habitué, d’après le texte de Diogène, à considérer Potamon comme le chef de l’école d’Alexandrie, que l’on a mis tout en œuvre pour faire dire à la phrase de Porphyre le contraire de ce qu’elle exprime grammaticalement, et pour en tirer que Plotin était disciple de Potamon. Comment, en effet, imaginer que Diogène ne parle pas de Plotin, le véritable fondateur de l’éclectisme alexandrin, s’il est antérieur à Potamon ? Je ne vois là rien de contradictoire, je l’avoue : Plotin, tout en modifiant profondément l’enseignement de Platon, prétendait le continuer ; il ne s’est jamais donné pour chef d’une nouvelle école ; on peut donc très-bien admettre que Potamon, son disciple, a le premier arboré un nouveau drapeau et donné un nom à cette méthode éclectique que Plotin suivait sans se l’avouer. Si cette supposition est vraie, — et elle a l’avantage de concilier sans violence deux textes importants, — le Potamon cité par Diogène serait précisément le pupille de Plotin, ce philosophe dont il soignait l’éducation, et qui « avait fort peu de consistance dans ses opinions, » οὗ τῆς παιδεύσεως φροντίζων πολλάκις ἂν καὶ μεταποιοῦντος ἠκροάσατο. Ces dernières paroles caractérisent si bien l’éclectisme bâtard et