Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lieu de le haïr il faut l’éclairer. Le sage doit s’appliquer moins à rechercher le bien qu’à éviter le mal ; il doit se proposer pour but de vivre exempt d’inquiétude et de douleur, et pour atteindre ce but il lui faut regarder comme indifférents les moyens qui procurent le plaisir.

Les annicériens admettent la plupart de ces principes. Ils s’en écartent cependant en ce qu’ils laissent subsister l’amitié, la reconnaissance, le respect dû aux parents et l’obligation de servir sa patrie. Ils disent que ces sentiments peuvent faire le bonheur du sage, alors même qu’il souffre personnellement et qu’il est peu avantagé des plaisirs de la vie ; que cependant le bonheur de nos amis, pris en lui-même, est chose indifférente pour nous, puisque nous ne pouvons pas le ressentir  ; qu’on ne doit pas avoir trop de confiance dans sa propre raison et dédaigner les opinions reçues, mais qu’il faut de longs efforts pour arriver à cette défiance de soi-même et triompher d’une mauvaise habitude longtemps invétérée. Ils ne veulent pas que l’on considère seulement dans l’amitié les avantages qu’elle procure, pour y renoncer quand elle cesse d’être utile ; bien loin de là ils recommandent d’avoir en vue l’affection elle-même, et veulent que pour elle on accepte au besoin la douleur ; en un mot, tout en reconnaissant que le plaisir est le but de la vie et que sa privation est un mal, ils veulent qu’on se résigne à ce mal par affection pour un ami.

Les théodoriens doivent leur nom à Théodore, dont nous avons précédemment parlé, et ont suivi ses doctrines. Théodore prétendait que nous devons renoncer à avoir jamais aucune idée de la nature des dieux. J’ai lu un ouvrage de lui intitulé des Dieux, ouvrage remarquable et duquel on prétend qu’Épi-