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n’est pas un mouvement, mais bien plutôt une sorte d’engourdissement et de sommeil. Ils disent aussi qu’il peut se faire que, par un vice de l’esprit, on ne se sente, pas attiré vers le plaisir.

Ils admettent pourtant que les joies, les douleurs de l’âme ne résultent pas toutes des plaisirs et des souffrances du corps ; car ils reconnaissent que la félicité de notre patrie peut par elle-même être une source de joie, tout aussi bien qu’un avantage personnel. Toutefois ils croient, contrairement à Épicure, que, le temps affaiblissant les mouvements de l’âme, le souvenir d’un bien passé ou l’espérance d’un bien à venir ne peuvent pas produire le plaisir parfait. Ils prétendent aussi que la vue et l’ouïe ne peuvent pas à elles seules procurer le plaisir ; car nous aimons à entendre des gémissements simulés, tandis que ceux qui sont vrais nous affectent péniblement. Ils donnent le nom d’état intermédiaire à l’absence du plaisir et de la douleur. Les jouissances corporelles sont, pour eux, supérieures à celles de l’âme ; les souffrances du corps leur semblent plus insupportables, et ils disent que c’est pour cela qu’on les inflige de préférence aux criminels. Ils pensent que pour le corps la douleur est plus poignante, la jouissance plus intime, et par suite presque tous leurs préceptes ont surtout pour objet les affections corporelles. Quoique le plaisir soit désirable pour lui-même, ils reconnaissent que les causes qui le produisent sont souvent douloureuses, d’où ils concluent que l’assemblage de tous les plaisirs, ou le bonheur parfait, est chose presque impossible. Le sage, disent-ils, n’est pas toujours heureux, ni l’insensé toujours malheureux ; mais il en est ainsi ordinairement.

Ils enseignent encore qu’un seul plaisir suffit, s’il