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soigneusement un vase avant de l’acheter, et qu’on prît un homme à tout hasard. D’autres attribuent cette réflexion à Diogène.

Un jour Denys, échauffé par le vin, ordonna à tous ses convives de danser en robe de pourpre. Platon s’en excusa en citant ce vers :

Je ne pourrais prendre un vêtement de femme[1].

Aristippe, au contraire, prit la robe, et, au moment de danser, il cita avec beaucoup d’à-propos cet autre vers :

Celle qui est chaste ne se corrompra point dans les fêtes de Bacchus[2].

Denys ayant repoussé une prière qu’il lui adressait en faveur d’un ami, il se jeta à ses pieds. On lui reprocha plus tard cette bassesse : « La faute n’en est pas à moi, dit-il, mais à Denys qui a les oreilles aux pieds. »

Pendant un séjour qu’il fit en Asie, il fut pris par le satrape Artapherne. Quelqu’un voyant sa tranquillité d’âme, lui dit : « Comment ! tu es calme ? — Eh ! quand donc le serai-je, répliqua-t-il, si ce n’est au moment de paraître devant Artapherne ? »

Il comparait ceux qui négligent de joindre la philosophie à la connaissance des arts libéraux aux amants de Pénélope : ils avaient bien pu séduire Mélantho, Polydora et les autres servantes ; mais il leur était plus facile de les avoir toutes que leur maîtresse seule. Ariston disait dans le même sens, qu’Ulysse étant descendu aux enfers y avait vu et entretenu presque

  1. Eurip., Bacch., v. 827.
  2. Idem, v. 314.