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Mélitus de Lampsaque, fils de Mélitus, accuse, sous la foi du serment, Socrate d’Alopèce, fils de Sophronisque, des crimes suivants : Socrate est coupable de ne pas croire aux dieux reconnus par la ville et d’en introduire de nouveaux ; il est également coupable de corrompre la jeunesse. Pour ces crimes, la mort.

Lysias avait composé pour lui une apologie ; mais Socrate lui dit après l’avoir lue : « Quoique le discours soit fort beau, mon cher Lysias, il ne me convient point. (En effet c’était un morceau beaucoup plus oratoire que philosophique.) — Pourquoi donc, reprit Lysias, s’il est beau, ne te convient-il pas ? — Ne peut-il pas se faire, dit Socrate, que de beaux habits et de beaux souliers ne m’aillent pas ? »

Justus de Tibériade raconte, dans l’Histoire des Rois, que pendant qu’on plaidait la cause de Socrate, Platon se présenta à la tribune et dit : « Athéniens, je suis le plus jeune de ceux qui sont montés à cette tribune… ; » mais que les juges lui crièrent : « Dis plutôt : descendus. » C’était lui dire : Descends.

Lorsqu’on alla aux voix, il y eut pour la condamnation une majorité de deux cent quatre-vingt-un suffrages. Comme les juges délibéraient sur la peine ou l’amende à lui infliger, il se taxa lui-même à vingt-cinq drachmes, ou à cent suivant Eubulide. Les juges s’étant récriés, Socrate dit alors : « Je déclare que le châtiment que j’ai mérité pour ma conduite, c’est d’être nourri au Prytanée. « Aussitôt quatre-vingts voix nouvelles se prononcèrent pour la mort ; en conséquence il fut condamné. On le conduisit en prison et quelques jours après il but la ciguë. Platon nous a conservé, dans le Phédon, les sublimes entretiens qui occupèrent ses derniers moments, Quelques person-