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teau m’a suffi pour vivre ; il ne me suffirait pas pour mourir ! »

« Un tel, lui dit-on, parle mal de toi. — Je le crois, reprit-il ; il n’a jamais rien su dire de bien. »

Voyant Antisthène tourner son manteau de manière à mettre les trous en évidence, il lui cria : « J’aperçois ta vanité à travers les trous de ton manteau. »

« Un tel ne vous injurie-t-il pas ? lui dit-on. — Non, répondit-il, cela ne s’applique pas à moi. »

Il disait qu’il est bon de se livrer volontairement aux critiques des poëtes comiques ; car si elles sont fondées on en profite pour se corriger ; si elles ne le sont pas, que nous importe.

Une fois, Xanthippe, après l’avoir abreuvé d’injures, lui jeta de l’eau au visage : « Je savais bien, dit-il, qu’un si grand orage ne se passerait pas sans pluie. »

Alcibiade lui dit un jour que les criailleries de Xanthippe étaient insupportables : « J’y suis habitué, répondit-il, comme on se fait à entendre constamment le bruit d’une poulie. Toi-même ne supportes-tu pas les cris de tes oies ? — Oui, reprit Alcibiade, mais elles me donnent des œufs et des petits. — Et moi, Xanthippe me donne des enfants. »

Un jour elle vint jusque sur la place publique lui arracher son manteau. Ses amis lui conseillaient de lui administrer sur-le-champ une correction : « Oui, sans doute, dit Socrate, afin que, quand nous serons aux prises, chacun de vous crie : « Tiens bon ! Socrate ; « Tiens bon ! Xanthippe. »

Il comparait une femme acariâtre aux chevaux vicieux que montent les écuyers : « Lorsqu’une fois ils ont dompté ceux-là, disait-il, ils maîtrisent aisément les autres ; et moi de même, habitué à l’humeur de