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ESCHINE.

négligés ; ils n’ont rien de l’éloquence et de l’énergie des expressions de Socrate. Pisistrate d’Éphèse assure qu’Eschine n’en est pas non plus l’auteur ; et Persée, qui les croit sortis de la plume de Pasiplion d’Érétrie, ajoute que ce fut aussi lui qui les inséra dans les œuvres d’Eschine, et qui supposa pareillement le petit Cyriis, le pelit Hercule, VAlcibiade d^Antisthènc , et d’autres ouvrages. Les vrais dialogues d’Eschine, et qui approchent de la manière d’écrire de Socrate, sont au nombre de sept, savoir : Miltiade, Ion, dont le style est moins nerveux que celui du premier ; Callias, Axioque, Aspasie, Alcibiade, Thélauge, et Rhinon.

On prétend que la pauvreté obligea Eschine d’aller en Sicile auprès de Denys ; que Platon le méprisa, mais qu’Aristippe le recommanda au tyran ; que, lui ayant récité quelques uns de ses dialogues, le philosophe eut part à ses libéralités ; quensuile il revint à Athènes, mais qu’il n’osa y enseigner la philosophie, à cause de la grande réputation de Platon et d’Aristippe ; que cependant il y ouvrit une école, se faisant payer de ses disciples, jusqu’à ce qu’à la fin il se mit à plaider : ce qui fit dire à Timon qu’il n’était pas dépourvu du don de persuader. Ceux qui parlent de lui ajoutent que Socrate, le voyant dans la disette, lui dit qu’il fallait qu’il prît à usure sur lui-même, en se retranchant une partie de sa nourriture.

Il n’y eut pas jusqu’à Aristippe qui ne le soupçonnât de mauvaise foi, au sujet de ses dialogues ; à la lecture qu’Eschine lui en fit à Mégare, on raconte qu’il lui dit d’un ton railleur : Plagiaire, où as-la pris cela ? Polycrite de Mondes, livre premier des Actions de Denys, écrit qu’il vécut avec Carinus le comique à la cour du tyran, jusqu’à ce qu’il déchût de sa puissance, et jusqu’au retour de Dion à Syracuse. On a encore une lettre d’Eschine à Denys. II était aussi grand orateur : sa harangue en faveur du père du capitaine Phénix en est une preuve ; il imita l’éloquence de Gorgias de Léonte. Lysias répandit aussi contre lui un libelle qu’il intitula la Calomnie. Certainement,