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Cette Pierre couvre Bias, l’ornement de l’Ionie. Il était né dans les contrées de la célèbre Priène.

Nous avons fait aussi cette épigramme sur son sujet :

Ici repose Bias, que l'âge avait blanchi quand Mercure l'emmena doucement chez les morts. Il plaidait, et il défendait un ami, lorsque, s’étant penché dans les bras d’un enfant, il fut pris du dernier sommeil.

Il composa deux mille vers sur l’Ionie, dont le sujet était le moyen par lequel on pouvait rendre ce pays plus heureux. Parmi ses sentences poétiques, on remarque celles-ci: Tâchez toujours de plaire à vos concitoyens, et n’abandonnez point votre ville affligée; car rien ne concilie plus de bienveillance, au lieu que des mœurs superbes sont souvent nuisibles. Il disait aussi que la force du corps est un don de la nature, mais que de savoir conseiller ce qui est utile à sa patrie est une qualité de l’ame et d’un bon jugement; que beaucoup de gens ne doivent leur opulence qu’au hasard; qu’on est malheureux de ne pas savoir supporter l’infortune; et que c’est une maladie de l’ame de convoiter des choses impossibles, pendant qu’on oublie les maux d’autrui. Quelqu’un lui ayant demandé ce qu’il y avait de plus difficile à faire : C’est, répondit-il, d’endurer courageusement quelque revers de fortune. Un jour qu’il était sur mer avec des gens d’un caractère impie, il s’éleva une tempête si furieuse que ces gens même se mirent à invoquer les dieux. Taisez-vous, leur dit-il, de crainte qu’ils ne s’aperçoivent que vous êtes sur ce vaisseau. Un méchant homme lui ayant demandé ce que c’est que la piété, il ne lui répondit rien; et comme cet homme lui demandait la raison de son silence : Je me tais, lui dit-il, parceque tu t’informes de choses qui ne te regardent pas. Interrogé sur ce qu’il y a de plus doux pour les hommes, il répondit que c’était l’espérance. Il disait aussi qu’il aimait mieux être jugé entre ses ennemis qu’entre ses amis, parceque