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ZÉNON.


avec Dieu, ou parcequ’il compte la Divinité pour rien du tout ; ce qui cependant n’est pas commun à tous les méchants. Selon les stoïciens, les sages sont pieux, étant pleinement instruits de tout ce qui a rapport à la religion. Ils qualifient la piété la connaissance du culte divin, et garantissent la pureté de cœur à ceux qui offrent des sacrifices. Les sages haïssent le crime, qui blesse la majesté des dieux ; ils en sont les favoris pour leur sainteté et leur justice. Eux seuls peuvent se vanter d’en être les vrais ministres par l’attention qu’ils apportent dans l’examen de ce qui regarde les sacrifices, les dédicaces de temples, les purifications, et autres cérémonies relatives au service divin. Les stoïciens établissent comme un devoir, dont ils font gloire aux sages, d’honorer, immédiatement après les dieux, père et mère, frères et sœurs, auxquels l’amitié pour leurs enfants est naturelle, au lieu qu’elle ne l’est pas dans les méchants. Selon Chrysippe, dans le quatrième livre de ses Questions morales, Persée et Zénon, ils mettent les péchés au même degré, fondés sur ce qu’une vérité n’étant pas plus grande qu’une autre vérité, un mensonge plus grand qu’un autre mensonge, une tromperie par conséquent n’est pas plus petite qu’une autre fourberie, ni un péché moindre qu’un autre : et de même que celui qui n’est éloigné que d’un stade de Canope n’est pas plus dans Canope que celui qui en est à cent stades de distance, tout de même aussi celui qui pèche plus et celui qui pèche moins sont tout aussi peu l’un que l’autre dans le chemin du devoir. Néanmoins Héraclide de Tarse, disciple d’Antipater son compatriote, et Athénodore, croient que les péchés ne sont point égaux. Rien n’empêche que le sage ne se mêle du gouvernement, à moins que quelque raison n’y mette obstacle, dit Chrysippe dans le premier livre de ses Vies, parcequ’il ne peut que servir à bannir les vices et à avancer la vertu. Zénon, dans sa République, permet au sage de se marier et d’avoir des enfants. Il ne juge pas par opinion,