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MONIME.

nage des villes. Le cinquième fut de Tarse ; il a écrit sur des questions poétiques, qu’il tâche de résoudre. Il faut encore remarquer sur ce philosophe, qu’Athénodore, dans le huitième livre de ses Promenades, rapporte qu’il avait toujours l’air luisant, à cause de la coutume qu’il avait de s’oindre le corps.


MONIME.

Monime, né à Syracuse, fut disciple de Diogène, et domestique d’un certain banquier de Corinthe, comme le rapporte Sosicrate. Xéniade, qui avait acheté Diogène, venait souvent auprès de Monime et l’entretenait de la vertu de Diogène, de ses actions et de ses discours. Cela inspira tant d’inclination à Monime pour le philosophe, qu’il affecta d’être tout d’un coup saisi de folie. Il jetait la monnaie du change et tout l’argent de la banque ; de sorte que son maître le renvoya. Dès lors il s’attacha à Diogène, fréquenta aussi Cratès le cynique et autres personnes semblables ; ce qui donna de plus en plus à son maître lieu de croire qu’il avait entièrement perdu l’esprit.

Il se rendit fort célèbre ; aussi Ménandre, poëte comique, parle de lui dans une de ses pièces, intitulée Hippocome.

MEN. Ô Philon, il y a eu un certain Monime, homme sage, mais obscur, et portant une petite besace.

PHIL. Voilà trois besaces dont vous avez parlé.

MEN. Mais il a prononcé une sentence, dont le sens figuré n’a rien de ressemblant, ni à celle-ci ; Connais-toi toi-même, ni aux autres, dont on fait tant de cas ; elle leur est fort supérieure. Ce mendiant, cet homme plein de crasse, a dit que tout ce qui fait le sujet de nos opinions n’est que fumée.

Monime avait une fermeté d’esprit qui le portait à mépriser la gloire et à rechercher la vérité seule. Il a com-