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DIOGÈNE.

lui appliqua ces paroles : Une fin éclatante et un suit tragique l'ont surpris[1]. Craterus le priait de se rendre auprès de lui : J'aime mieux, dit-il, manger du sel à Athènes que de me trouver aux magnifiques festins de Craterus. Il y avait un orateur, nommé Anaximène, qui était extrêmement gros. Diogène, en l'accostant, lui dit : Tu devrais bien faire part de ton ventre à nous autres pauvres gens ; tu serais soulagé d'autant, et nous nous en trouverions mieux. Un jour que ce rhéteur traitait quelque question, Diogène, tirant un morceau de salé, s'attira l'attention de ses auditeurs, et dit, sur ce qu'Anaximène s'en fâcha : Une obole de salé a fini la dispute d'Anaximène. Comme on lui reprochait qu'il mangeait en plein marché, il répondit que c'était sur le marché que la faim l'avait pris. Quelques uns lui attribuent aussi la repartie suivante à Platon. Celui-ci l'ayant vu éplucher des herbes, il s'approcha, et lui dit tout bas : Si tu avais fait ta cour à Denys, tu ne serais pas réduit à éplucher des herbes. Et toi, lui repartit Diogène, si tu avais épluché des herbes, tu n'aurais pas fait ta cour à Denys. Quelqu'un lui disant, La plupart des gens se moquent de vous, il répondit ; Peut-être que les ânes se moquent aussi d'eux ; mais comme ils ne se soucient pas des ânes, je ne m'embarrasse pas non plus d'eux. Voyant un jeune garçon qui s'appliquait à la philosophie, il lui dit : Courage ! fais qu'au lieu de plaire par ta jeunesse, tu plaises par les qualités de l'âme. Quelqu'un s'étonnait du grand nombre de dons sacrés qui étaient dans l'antre[2] de Samothrace : Il y en aurait bien davantage, lui dit-il, s'il y en avait de tous ceux qui ont succombé sous les périls. D'autres attribuent ce mot à Diagoras de Mélos. Un jeune garçon allait à un festin ; Diogène lui dit : Tu en reviendras moins sage. Le lendemain, le jeune garçon l'ayant

  1. Vers du cinquième livre de l'Iliade.
  2. On y sacrifiait à Hécate, et on y faisait des dons en action de grâces pour les périls dont on avait été préservé. Ménage.