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DIOGÈNE.

ves, quelqu’un apporta une tarte ; ce qui lui fit jeter les olives, en disant : Hôte, cédez la place aux tyrans[1] ! et cita en même temps ces autres paroles : Il jeta l’olive[2]. On lui demanda de quelle race de chiens il était : Quand j’ai faim, dit-il, je suis chien de Malte[3] ; et quand je suis rassasié, je suis chien molosse. Et de même qu’il y a des gens qui donnent beaucoup de louanges à certains chiens, quoiqu’ils n’osent pas chasser avec eux, craignant la fatigue ; de même aussi vous ne pouvez pas vous associer à la vie que je mène, parceque vous craignez la douleur. Quelqu’un lui demanda s’il était permis aux sages de manger des tartes : Aussi bien qu’aux autres hommes, dit-il. Pourquoi, lui dit un autre, donne-t-on communément aux mendiants, et point aux philosophes ? Parceque, répondit-il, on croit qu’on pourra devenir plutôt aveugle et boiteux que philosophe. Il demandait quelque chose à un avare, et celui-là tardante lui donner, il lui dit : Pensez, je vous prie, que ce que je vous demande est pour ma nourriture, et non pas pour mon enterrement. Quelqu’un lui reprochant qu’il avait fait de la fausse monnaie, il lui répondit : Il est vrai qu’il fut un temps où j’étais ce que tu es à présent ; mais ce que je suis maintenant, tu ne le seras jamais. Un autre lui reprochait aussi cette faute passée : Ci-devant, reprit-il, étant enfant, je salissais aussi mon lit ; je ne le fais plus à présent. Étant à Minde, il remarqua que les portes de la ville étaient fort grandes, quoique la ville elle-même fût fort petite, et se mit à dire : Citoyens de Minde, fermez vos portes, de peur que votre ville n’en sorte. Un homme avait été attrapé volant de la pourpre ; Diogène

  1. Vers d’Euripide, qui signifie ici que le pain commun doit faire place à celui qui est plus exquis. Ménage.
  2. Parodie d’un vers d’Homère, qui renferme un jeu de mots qu’on ne saurait rendre en français. Idem.
  3. Chien de Malte, c’est-à-dire flatteur. Chien molosse, c’est-à-dire mordant. Idem.