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DÉMÉTRIUS.

Hippobote confirme le récit de Démétrius de Magnésie. Hermippe d’Héraclée dit que, la famine dépeuplant le pays, on consulta l’oracle ; qu’Héraclide corrompit ceux qu’on y envoya et séduisit la prêtresse, jusqu’à l’engager à répondre que le fléau ne cesserait point qu’on n’eut honoré Héraclide, fils d’Eutyphron, d’une couronne d’or, en promettant de le révérer comme un demi-dieu après sa mort ; que la réponse de l’oracle fut déclarée, mais que les auteurs de cette tromperie n’y gagnèrent rien ; qu’Héraclide mourut d’apoplexie sur le théâtre, avec la couronne sur la tète ; que ceux qui avaient consulté l’oracle tombèrent morts, et que la prétresse elle-même mourut de la mor sure d’un dragon à l’entrée du sanctuaire. Voilà ce qu’on rapporte de la fin de ce philosophe.

Aristoxène le musicien dit qu’il a fait des tragédies sous le nom de Thespis ; Chaméléon prétend qu’il a pillé Hésiode et Homère ; Autodorus le blâme aussi et le contredit dans ce qu’il a écrit de la justice. On dit encore que Denys, surnommé le transfuge, ou Spintharus selon d’autres, écrivant son Parthénopée, et l’ayant mis sous le nom de Sophocle, Héraclide abusé en cita dans un de ses ouvrages quelques passages qu’il donna pour être de Sophocle ; que Denys, l’ayant remarqué, l’avertit qu’il se trompait ; et qu’Héraclide n’ayant pas voulu le croire, Denys lui envoya les premiers versets de son ouvrage où se trouvait le nom de Pancale[1], ami de Denys : sur quoi Héraclide continuant de dire qu’il se pouvait pourtant qu’il eût raison, Denys lui récrivit qu’il trouverait aussi cette maxime, qu’on ne prend pas aisément un vieux singe dans un filet ; ou que si on peut le prendre, ce n’est qu’avec beaucoup de temps. Il l’accusa aussi d’ignorer les lettres, et de n’en avoir pas de honte. Il y a eu quatorze Héraclides : le premier est celui dont il s’agit ; le second, son compatriote, a composé des pièces

  1. Denys s’était servi du nom de Sophocle comme de l’anagramme de celui de Pancale, et l’avait mis à la tête de son ouvrage.