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POLÉMON.

mourut, la nuit, d’une blessure qu’il se donna contre un bassin. Je lui ai fait cette épitaphe :

Xénocrate se blesse à la tête contre un bassin; un seul cri fut toute la plainte de cet homme qui se consacra tout entier aux autres.

il y a eu six Xénocrates. Le premier, qui a écrit de l’art miliaire, est fort ancien, et fut parent et concitoyen de notre philosophe; il écrivit aussi un discours intitulé Arsinoétique, sur la mort d’Arsinoé. Le quatrième était philosophe, et fit des élégies qui furent peu goûtées, ce qui est naturel : car les poëtes peuvent bien réussir à écrire en prose, mais les écrivains en prise ne réussissent pas si bien à écrire en vers, parceque la poésie est un don de la nature, au lieu que l’autre genre d’écrire est un effet de l’art. Le cinquième fut statuaire. Le sixième a écrit des odes, comme le rapporte Aristoxène.



POLÉMON.

Polémon était fils de Philostrate et Athénien, natif du bourg d’Oièthe. Il était si débauché dans sa jeunesse, qu’il portait toujours de l’argent sur lui pour pouvoir satisfaire ses passions, à toutes les occasions qui s’en présentaient; il en cachait même dans les carrefours et jusque dans l’académie. On en trouva qu’il avait caché pour cet usage près d’une colonne.

Un jour qu’il était ivre, il se mit une couronne sur la tête, et entra ainsi avec ses compagnons dans l’école de Xénocrate; mais ce philosophe n’en fut point déconcerté, et cela ne fit que l’animer à poursuivre son discours, qui roulait sur la température, et qui fut d’une telle efficace, que Polémon, rentrant en lui-même, renonça à ses vices surpassa ses compagnons d’étude, et succéda à son maitre,