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PLATON.

celle de Tanagre, celle de Corinthe, et celle de Délium, où il remporta la victoire.

Platon fit un mélange des opinions d’Héraclite, de Pythagore et de Socrate, approuvant la doctrine d’Héraclite dans ce qui concerne les sens, celle de Pythagore sur ce qui regarde l’entendement, et celle de Socrate en ce qui touche la politique. Satyre et d’autres disent qu’il écrivit à Dion en Sicile pour le prier de lui acheter de Philolaüs trois livres de Pythagore pour cent mines ; il était en état de faire cela, ayant reçu de Denys plus de quatre-vingts talents, suivant ce que dit Onétor dans son ouvrage qui porte pour titre : S’il convient au sage d’être riche. Les œuvres d’Épicharme, auteur comique, ont été d’un grand secours à Platon, qui en a extrait plusieurs choses, comme dit Alcime dans les livres qu’il dédia à Amyntas, et qui sont au nombre de quatre. Il dit dans le premier que Platon a beaucoup profité d’Épicharme, et que c’est de lui en particulier qu’il a pris les opinions ; que les choses sensibles ne sont permanentes ni dans leur qualité ni dans leur quantité, mais qu’elles varient à chaque instant et s’écoulent, à peu près comme une somme dont on retrancherait quelque nombre ne serait plus la même ni dans la qualité des chiffres ni dans la quantité totale ; que de plus ce sont des choses qui s’engendrent continuellement et n’ont jamais de subsistance ; qu’au contraire les choses intelligibles sont celles qui n’acquièrent et ne perdent rien, et que telles sont les choses éternelles, dont la nature est toujours semblable et ne change jamais. Telles sont aussi les idées d’Épicharme touchant les choses sensibles et intelligibles ; voici comment il s’exprime :

A. Les dieux furent de tout temps, et ne cessèrent jamais d’être ; or ce qui est toujours est uniforme, étant par lui même.

B. On dit pourtant que le chaos est le premier des dieux qui a été engendré.

A. Comment cela se peut-il ? car il est impossible qu’une chose