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ARISTIPPE.

traité sur la discipline, un discours sur la vertu, des exhortations, des dialogues sur Artabaze, sur le naufrage et sur les fugitifs, six livres sur les écoles, trois livres de sentences, des entretiens sur Laïs Porus et Socrate, et des réflexions sur la fortune.

Aristippe définissait la volupté, qu’il établissait pour dernière fin, un mouvement agréable de l’ame communique aux sens. Après avoir décrit sa vie, parlons avec ordre des philosophes cyrénéens, ses sectateurs. Les uns se sont appelés hégésiaques, les autres annicériens, d’autres théodoriens. Nous comprendrons dans cette classe ceux qui sont sortis de l’école de Phédon, et qui sous le nom d’érétriens, ont passé pour les plus célèbres. Arète, fille d’Aristippe, étudia sous son père avec Éthiops de Ptolémaïs et Antipater de Cyrène. Aristippe, surnommé Métrodidactus, fut disciple d’Arète et maître de Théodore, surnommé Athéos, et dont on changea le nom en celui de Théos. Épitidème de Cyrène apprit sa science d’Antipater et l’enseigna à Parébates, qui instruisit Hégésias, nommé Pisithanate, et celui-ci fut docteur d’Annicéris, qui racheta Platon.

Ceux qui ont suivi les dogmes d’Aristippe se sont nommé cyrénéens, à cause de Cyrène qui était la patrie de ce philosophe; ils croient que l’homme est sujet à deux passions, au plaisir et à la douleur; ils appellent le plaisir un mouvement agréable qui satisfait l’ame, et la douleur un mouvement violent qui l’accable; ils prétendent que tous les plaisirs sont égaux, et que l’un n’a rien de plus sensible que l’autre; que tous les animaux le recherchent et fuient la douleur. Panœtius, dans son livre des Sectes, dit qu’ils veulent parler en cela du plaisir corporel dont ils font la fin de l’homme, et non celui qui consiste dans la tranquillité, qui est l’effet de la santé et de l’exemption de la douleur: plaisir qui est celui dont Épicure a pris la défense et qu’il établit pour fin. Cependant il semble que ces philosophes distinguent cette fin de souverain bien,