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Qui dans l'orgueil serein des formes immortelles
De musée en musée insultaient son destin.
D'autres disaient encore et tenaient pour certain
Que l'art avait en elle un malfaisant génie,
Dont le regard, tombé sur une œuvre finie,
Changeait la toile exquise en rebut d'atelier.
Tel était à Paris le conte familier
Qui depuis mon retour m'obsédait, plus encore
Ce soir-là ; car octobre, agitateur sonore,
Semait dans l'air les voix des souvenirs perdus.
Et ceux-là revenaient en moi plus assidus,
Tandis qu'avec Centi, sur la berge isolée,
Je suivais pas à pas quelque lointaine allée.
Je l'avoue, en tout temps je me suis abreuvé
Des choses d'outre-vie, et n'ai que trop rêvé.
Mais Centi, le grand peintre, avait poussé mon âme
Vers les mondes obscurs dont il trouait la trame ;
Et dans ses mots, parfois, filtrait subtilement
Le dangereux levain d'un bizarre aliment
Qui, bien loin du réel, comme un corps qu'on délie,
Me roulait aux confins troublants de la folie.
Ce soir, en regardant sous la fraîcheur des eaux,
Où les arbres en feu renversaient leurs arceaux,
Le brouillard s'épaissir dans ce autres portiques,
Je sentais que l'esprit des songes fantastiques
Dormait autour de nous. Par instinct, j'arrêtai
Le récit sur les bords de mes lèvres monté,