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Qu'elle posât jamais devant lui pour modèle.
Elle n'aimait que l'art d'autrefois, et semblait
Fuir le peintre au travail devant un chevalet.
Les curieux, lassés d'un effort inutile,
La laissaient disparaître au bas d'un péristyle
Dans l'ombre et dans la foule. On s'était contenté
D'une légende autour de sa sévérité.
On disait qu'autrefois, Stella, sans aucun voile,
Avait brillé, bijou d'un palais, sur la toile,
Conception d'un prince inconnu du pinceau,
Sans rivale, parmi les plus dignes du sceau
Des maîtres plus heureux dont la gloire se nomme.
Pour ce corps insensible, on disait qu'un jeune homme,
Un peintre florentin, plus tard s'était épris
D'un amour insensé mais fervent, et pour prix
Sut animer aussi cette autre Galatée.
Un soir qu'il l'appelait dans la salle écartée,
Il la sentit tomber dans ses bras doucement.
Quand il mourut, Stella, fidèle à son amant,
Fut pise du dégoût de sa métamorphose ;
Et pour se rendormir dans sa première pose
Comme autrefois, au ciel d'un art patricien,
Voulut chercher son cadre et son palais ancien ;
Mais soit qu'elle eût perdu la mémoire à cette heure,
Soit que le feu peut-être eût détruit la demeure,
Elle ne put jamais les trouver. C'est ainsi
Que Stella, sous l'élan d'un unique souci,
Errait désespérée, et jalouse de celles