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Ni les rôdeurs de nuit qui rampent sur la grève !
Cette porte est solide. Il dort ! Et moi, je rêve !
S longues soient la nuit et l'angoisse, il viendra,
Le jour, devant qui tout, peur, ténèbres, fuira !
Oui, l'aurore, demain, la houri verte et rose,
Viendra m'illuminer pour une apothéose,
Et dans toute sa pompe aussi je saluerai
La sultane sublime et serai délivré !
Délivré ! Suis-je donc tel qu'un chien à l'attache ?
Je rêve ! Ou je suis fou de trembler comme un lâche !
Cet homme divaguait ! Qu'ai-je à craindre ici ? Rien !
Un poignard, disait-il ; quel autre que le mien,
Moi debout et dardant ma prunelle éclaircie,
Peut luire entre ces murs selon la prophétie,
Entre cet insensé plus faible qu'un enfant,
Et moi, qu'un bras robuste et bien libre défend ?
Moi, dormir cette nuit, sans souffle, à cette place ?
Sur le livre éternel certes, rien ne s'efface !
Mais la folie encore est trop loin de mon front,
Si pour m'abattre aux pieds de l'archange aussi prompt,
Il faut que cette lame homicide soit celle
Dont la riche poignée à mon flanc étincelle,
Et que la main qui doit la sortir du fourreau
Soit la mienne ! Victime, être en plus le bourreau !
Cela se pourra-t-il, que le veuille Allah même ?
Moi, fort de ma raison et du pouvoir suprême,
Moi, sans remords, étant sacré par le succès,
Moi, qui viens de fermer au meurtre tout accès,
Je serais fou déjà d'y penser davantage !