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Mais aujourd'hui, devant la chute glorieuse
Du globe dont l'éclat brillait sur son berceau,
Ce n'est plus vers l'éden dont il gardait le sceau
Qu'il se reporte au bout d'une ardeur furieuse.

Ce n'est plus son enfance au cantique lointain
Dont le ressouvenir en ses fêtes s'exhale ;
Ni la branche arborée en palme triomphale
Qu'il pleure, en gémissant sur sa part du destin.

Ce n'est plus un saint nom qu'il invoque ou qu'il prie,
Hélas ! Et ce n'est plus, même quand vient le soir,
La mort, son épouvante et son dernier espoir,
Qu'il appelle, sentant toute source tarie.

Sous la dent sans pitié du démon qui le mord
Rien ne ranime plus sa force ou son courage ;
Et voilà qu'il se tait sans un reste de rage,
Car il ne peut plus croire à ta promesse, ô mort !

Tu ne peux rien sur l'âme ; et l'impossible envie
Toujours l'assoiffera de bonheur, n'importe où ;
Tu ne peux l'engloutir aussi dans quelque trou ;
Ce n'est pas le repos qui par toi nous convie !

— Et le soleil, jetant sa suprême clarté,
Laissa l'homme, le front plus bas, les yeux plus mornes ;
Et l'esprit descendu dans une nuit sans bornes
Sous l'effrayant fardeau de son éternité.