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Les dieux sont muets, et la vie est triste.
Pour nous mordre au cœur, les crocs hérissés,
Un noir lévrier nous suit à la piste.
Sur les fronts pâlis, sous les yeux baissés,
Dans les carrefours que la foule obstrue,
Parmi les chansons, les bruits de la rue,
Dans les yeux éteints, sur les fronts penchés,
Je cherche et je trouve une angoisse affreuse,
Un doute, un souci vainement cachés,
Un vieux souvenir qui monte et qui creuse ;
Et je vais ainsi, trésorier des pleurs,
En chemin quêtant soupirs et douleurs.
Ô passants ! vous tous qu'un regret harcèle,
Que ronge un tourment, remords ou désir,
Vous que brûle encor la chaude étincelle
Du songe enflammé qu'on n'a pu saisir ;
Le destin commun avec vous m'emmène :
Inconnus, salut dans la vie humaine !