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Marche vite à son but, les deux bras en avant,
Et ne se tourne pas aux surprises du vent.
Qu'importe l'horizon ? Sans rappels en arrière,
Le fort ne se résout jamais à la prière.
Que peut-il espérer, celui qu'un souvenir
étreint plus qu'un remords, et qui ne peut bannir
Le mirage infécond de sa jeunesse vaine ;
Qui lui-même resserre autour de lui sa chaîne,
Dans sa prison factice est son propre geôlier,
Et, n'osant pas mourir, ne veut pas oublier ?
Depuis trois jours et trois mortelles nuits, farouche,
Comme un fauve affamé qui roule son oeil louche,
Thaéri frémissant rôde autour du palais
Où Samhisis se mire aux feux des bracelets.
Prêt à frapper, dans l'ombre, attentif, il épie.
Depuis ces trois longs jours, dans son secret tapie,
Soué-Ha par des dons a gagné la faveur
Des gardiens, et gaîment veille auprès de sa sœur.
Mais peut-être bientôt viendra l'heure indécise
Où doit partir le trait que la vengeance aiguise,
Car cette nuit Rhamsès veut fêter Samhisis.
Il est aux bords du Nil une ronde oasis ;
Et c'est là qu'il ira. - Courage ! Voici l'heure
Où l'âme se roidit au fond du corps qui pleure.
Regarde si ton arc, jeune homme, est bien tendu ;
Jeune fille, aguerris ton regard éperdu !