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Elle sourit, tournée un peu vers la fenêtre.
Un frisson de plaisir courut dans tout son être ;
Et, se dressant debout dans ses vêtements blancs,
Aux rayons du matin elle ouvrit ses bras lents.

Un flot d'or ruissela sur elle, et la lumière
Qui l'éblouit, fermant pour toujours sa paupière,
La renversa rigide et morte sur les draps.
Et vous nous entouriez, funèbres apparats !
Et l'âcre odeur flottait de l'encens et des cierges ;
Et sur son lit couvert des symboles des vierges,
Ses traits inanimés s'ennoblissaient plus purs ;
Et le jour s'embrunit ; et rapide, à pas sûrs,
La nuit montait partout, poussant par intervalles
Des adieux prolongés sous les portes des salles ;
Et le vieillard, sans voix, sans pleurs, sans mouvement,
Vers la morte toujours regardait fixement ;
Et moi, je m'enfonçais dans l'affreuse inertie
D'un corps vide sur qui pèse une ombre épaissie.

Et tout à coup, voilà qu'au fond de la noirceur
Où je sombrais, surgit une étrange lueur,
Qui s'accrut, m'inondant de sa clarté divine,
Et qu'un frais hosanna chanta dans ma poitrine.
Dans un vertigineux élan qui m'enlevait
Je bondis, et penché sur le fatal chevet,
Je criai comme un fou ces paroles avides :
- « L'aurore vient nous prendre au bas des cieux livides !
Toi qui fus inflexible alors que tu vivais,
Qui mourus en vouant ma vie aux dieux mauvais,