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Comme isolée en l'air splendide, et méditant
Sur un secret jadis transmis aux bons génies.
De salle en salle, et plus vivantes, plus unies,
Ses images qui vont s'alignant par milliers
Retracent tout à coup ses gestes familiers ;
Si bien, qu'il est des jours où dans les perspectives
D'un peuple aérien aux foules sensitives
Elle s'arrête, et croit, le cœur évanoui,
Que son rêve et son corps de fée ensemble ont fui,
Et tourne lentement, pour chercher autour d'elle
L'être si radieux qui lui sert de modèle.
Mais elle se réveille, et tressaille, et sourit ;
Elle reprend, d'après chaque rite prescrit,
Les incantations qu'à la même seconde
Son cortège idéal en l'imitant seconde,
Puis, quand elle a rappris les mots sacramentels
Qu'elle oublie à la longue au contact des mortels,
S'évapore à travers la grotte héréditaire.
La fée Hamonde alors remonte sur la terre ;
De même qu'autrefois, par le chemin plus court,
De village en cité célèbre la parcourt ;
Invisible, la nuit, dans les berceaux regarde ;
Et quelquefois l'enfant qui sommeillait sans garde,
Enveloppé d'un songe aux éclats miroitants,
Ouvre tout pleins des yeux qu'elle charme longtemps.
Et c'est pourquoi, malgré tant de ternes spectacles,
Il est au monde encor de brillants réceptacles
Où l'âme qui s'y cache en vain semble ne voir
Que l'éblouissement dont elle a le pouvoir ;