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XII

Un choc intérieur traversa tout mon être.
Tout disparut. Mon corps était resté tout seul,
Et la nuit l'embrassa de son épais linceul,
Nuit telle qu'un vivant n'en peut jamais connaître.
Un frisson glacial courut dans tout mon être,
Et dans un puits sans fond je croyais choir tout seul.
L'angoisse de la chute était l'idée unique
Et nette survivante encore en mon cerveau ;
Puis insensiblement la terreur tyrannique
S'enfuit pour me laisser jouir d'un sens nouveau.


XIII

La nuit filtrait en moi, fraîche comme un breuvage ;
Mes pores la buvaient délicieusement ;
Je me sentais bercé par son enivrement ;
Et toujours j'approchais du ténébreux rivage
Où l'ombre dans les corps filtre comme un breuvage.
Le Léthé de la nuit délicieusement
M'imprégnait d'un silence ineffable ; et la vie
Ne comprendra jamais le silence et la nuit
Qui, de plus en plus doux pour la chair asservie,
Montaient comme le jour, croissaient comme le bruit.