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Une forme inconnue et faite de lumière,
Qui luit, s'évanouit, revient et disparaît.
Des appels étouffés traversent la clairière
Et meurent longuement comme expire un regret.

Une langueur morbide étreint partout les sèves ;
Tout repose immobile, et s'endort ; mais les rêves
Qui dans l'illusion tournent désespérés,
Voltigent par essaims sur les corps léthargiques
Et s'en vont bourdonnant par les bois, par les prés,
Et rayant l'air du bout de leurs ailes magiques.
- Droite, grande, le front hautain et rayonnant,
Majestueuse ainsi qu'une reine, traînant
Le somptueux manteau de ses cheveux sur l'herbe,
Sous les arbres, là-bas, une femme à pas lents
Glisse. Rigidement, comme une sombre gerbe,
Sa robe en plis serrés tombe autour de ses flancs.
C'est la nuit ! Elle étend la main sur les feuillages,
Et tranquille, poursuit, sans valets et sans pages,
Son chemin tout jonché de fleurs et de parfums.
Comme sort du satin une épaule charnue,
La lune à l'horizon sort des nuages bruns,
Et plus languissamment s'élève large et nue.
Sa lueur filtre et joue à travers le treillis
Des feuilles ; et, par jets de rosée aux taillis,
Caresse, en la sculptant dans sa beauté splendide,
Cette femme aux yeux noirs qui se tourne vers moi.
Enveloppée alors d'une auréole humide,
Elle approche, elle arrive : et, plein d'un vague effroi,
Je sens dans ces grands yeux, dans ces orbes sans flamme,