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Elle éclate à la fin, l'atroce ressemblance
Dont mille fois, la nuit, comme un vil espion,
Tu surpris, lampe en main, la lente éclosion,
Labourant sous tes doigts ta poitrine en silence,
Pour ne pas réveiller l'inconscient témoin
D'un crime enseveli sous les ombres au loin !

Elle éclate à la fin, et t'obsède et te brave,
En ce jeune homme fier, et magnanime, et brave,
Et loyal, et sincère, à qui tu n'accordas
Depuis longtemps déjà qu'un amour fait de haine ;
Et s'il parle, ton sang bout et gonfle ta veine ;
Et s'il veut t'embrasser, tu crois revoir Judas ;
Et dès qu'il te sourit, tu dresses vers les tombes
Un bras impatient de doubles hécatombes !

Vastes ou non, polis ou froids, bleus, gris ou noirs,
Si les yeux contemplés sont vraiment des miroirs,
C'est que seul il s'y voit, celui qui les regarde ;
Et dans ceux de l'épouse et dans ceux de l'ami
Si jamais tu n'as vu le reptile ennemi,
C'est qu'autour de ton âme il faisait bonne garde,
L'ange qu'à sa défense avait placé l'orgueil,
Et que nul sifflement n'en franchissait le seuil.

Dans la coupe où jadis débordait l'ambroisie,
Tu le sais, à présent, combien l'hypocrisie,
Sans défaillir peut-être et dès les premiers jours,
Savait mêler pour toi l'invisible ciguë ;