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II

Partout où se croisant pour les muets combats
Les regards dans les cœurs se plongent ici-bas ;
Dans tous les temps, sous tout climat, sur tout rivage,
C'est la loi qu'à son tour, éperdu, terrassé
Par le voluptueux désir qui l'a blessé,
L'orgueil d'un front viril, enivré d'esclavage,
S'est laissé choir aux pieds d'une fille aux beaux yeux
Qui l'écrase en jouant, sphinx alerte et joyeux.

Ais si jamais amour fut l'aurore d'un songe
Immortel, un serment sembla moins un mensonge ;
Si jamais un regard, un sourire, une voix,
Furent clarté, reflet divin, son angélique ;
Si jamais, comme au fond d'un temple une relique,
Une vierge adorée eut un riche pavois,
Ce furent ton amour, ton serment, ton visage,
Ce fut toi, Myriann, idole au faux présage !

Et de tous ceux enfin domptés par le tourment
Qui fait d'un homme libre un misérable amant,
Tel qu'un vaincu qui tombe à genoux sans cuirasse,
Lui-même devant tous prompt à se désarmer,
De ceux-là dont le mal est de croire et d'aimer,
Qui donc, portant plus haut la fierté de sa race,