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à droite, soit à gauche, jusqu’à ce que de la place que j’ai occupée une fois avant vous ; Fréron, une fois après moi ; Dorat, une fois après moi ; Fréron, Palissot, une fois après Dorat ; vous deveniez stationnaire auprès de moi, pauvre plat…, comme vous, qui siedo sempre come un maestoso carro fra duoi coglioni. » L’abbé, qui est un bon diable, et qui prend tout bien, se mit à rire ; mademoiselle, pénétrée de mon observation et de la justesse de ma comparaison, se mit à rire ; tous ceux qui siégeaient à droite et à gauche de l’abbé, ou qu’il avait reculés d’un cran, se mirent à rire ; tout le monde rit, excepté monsieur, qui se fâche, et me tient des propos qui n’auraient rien signifié si nous avions été seuls… « Vous êtes un impertinent. — Je le sais bien, et c’est à cette condition que vous m’avez reçu. — Un faquin. — Comme un autre. — Un gueux. — Est-ce que je serais ici sans cela ? — Je vous ferai chasser. — Après dîner, je m’en irai de moi-même… — Je vous le conseille… » On dîna ; je n’en perdis pas un coup de dent. Après avoir bien mangé, bu largement (car après tout il n’en aurait été ni plus ni moins, messire Gaster est un personnage contre lequel je n’ai