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la vicomté de Paris, deux en Yveline, Senlis, Valois, Vermandois, Amiénois ; deux pour l’Orléanois, Sens, Champagne & Mâcon, & trois en Touraine, Anjou, Maine, Xaintonge, Berry, Auvergne : tous les autres maîtres & gruyers furent ôtés. La suite de cette ordonnance fait connoître que les autres maîtres qui furent supprimés, étoient des maîtres particuliers. Il y en eut pourtant de rétablis peu de tems après, car dans des lettres du roi Jean du 2 Octobre 1354, il est parlé des maîtres des eaux & forêts de la sénéchaussée de Toulouse ; & dans d’autres lettres de Jean, comte d’Armagnac, du 9 Février 1355, il est parlé des maîtres des forêts du roi, de la sénéchaussée de Carcassonne & de Beziers.

Les dix maîtres enquêteurs des eaux & forêts qui étoient au-dessus de ces maîtres particuliers, étoient égaux en pouvoirs comme sont aujourd’hui les grands-maîtres. En 1356 un nommé Encirus Dol, ou Even de Dol, fut pourvû de l’office de maître général enquêteur des eaux & forêts dans tout le royaume, & sur sa requisition donnée dans la même année, Robert de Coetelez fut pourvû du même office, mais nonobstant le titre d’enquêteur général qui leur est donné, il ne paroît pas qu’ils eussent aucune supériorité sur les autres ni qu’ils fussent seuls ; car Charles, régent du royaume, ordonne qu’ils auront les mêmes gages que les autres maîtres enquêteurs des eaux & forêts, il paroît que depuis ce tems ils prirent tous le titre de maître enquêteur général.

Pendant la prison du roi Jean, Charles V. qui étoit alors régent du royaume, fit en cette qualité une ordonnance le 27 Janvier 1359, portant entre autres choses, qu’en l’office de la maîtrise des eaux & forêts, il y en auroit dorénavant quatre pour le Languedouil (ou pays coûtumier) & un pour le Languedoc (ou pays de droit écrit) tant seulement : ainsi par cette ordonnance ils furent réduits à moitié de ce qu’ils étoient auparavant.

Jean de Melun, comte de Tancarville, fut institué souverain maître & réformateur des eaux & forêts de France, par des lettres du premier Décembre 1360, & exerça cette charge jusqu’au premier Novembre 1362.

Néanmoins dans le même tems qu’il exerçoit cet office, le roi Jean envoya en 1361 dans le bailliage de Mâcon & dans les sénéchaussées de Toulouse, Beaucaire & Carcassonne, trois réformateurs généraux ; savoir l’évêque de Meaux, le comte de la Marche, & Pierre Scatisse, trésorier du roi, pour réformer tous les abus qui pouvoient avoir été commis de la part des officiers, & nommément des maîtres des eaux & forêts, gruyers & autres.

Robert, comte de Roucy, succéda en 1362 à Jean de Melun en l’office de souverain maître & réformateur des eaux & forêts, qu’il exerça jusqu’à son décès arrivé deux années après.

Cet office fut ensuite donné à Gaucher de Châtillon, qui l’exerça jusqu’à sa mort arrivée en 1377.

Le souverain maître & réformateur des eaux & forêts étoit le supérieur des autres maîtres généraux des eaux & forêts, qui avoient sous eux les maîtres particuliers, gruyers, verdiers.

Charles V. ordonna le dernier Février 1378, que pour le gouvernement de ses eaux & forêts il y auroit pour le tout six maîtres seulement, dont quatre seroient ordonnés maîtres des forêts, qui visiteroient par-tout le royaume, tant en Languedoc qu’ailleurs, & que les deux autres seroient maîtres des eaux.

Il ne paroît point qu’il eût alors de souverain maitre réformateur général au-dessus des autres maîtres des eaux & forêts ; mais en 1384 Charles VI. établit Charles de Châtillon souverain & réformateur général des eaux & forêts de France par des lettres du 4 Juillet. Il en fit le serment le 15 du même mois, &

donna quittance sur les gages de cet office le 24 Mai 1387. Il mourut en 1401 ; mais il paroît que depuis 1387 il n’exerçoit plus l’office de souverain & réformateur général des eaux & forêts. C’est ce que l’on voit par des lettres du 9 Février de ladite année, où Charles VI. réglant le nombre des maîtres des eaux & forêts & garennes, ordonne que le sire de Châtillon sera sur le fait de ses garennes seulement ; que pour les forêts de Champagne, Brie, France & Picardie, il y auroit deux maîtres : qu’il nomme deux autres pour la Normandie, deux pour l’Orléanois & la Touraine, & un pour les terres que le roi de Navarre avoit coutume de tenir en France & en Normandie.

Guillaume IV. du nom, vicomte de Melun, comte de Tancarville, fut institué souverain maître & général réformateur des eaux & forêts de France, par lettres du premier Juillet 1394, ce qui n’étoit probablement qu’une commission passagere, ayant encore obtenu de semblables lettres le 23 Janvier 1395, suivant un compte du trésor.

Valeran de Luxembourg III. du nom, comte de Saint Pol & de Ligny, fut institué au même titre en l’année 1402 ; il l’étoit encore en 1410, suivant des lettres du 24 Juillet de ladite année, qui lui sont adressées en cette qualité.

Cependant le comte de Tancarville qui avoit déja eu cet office en 1394 & 1395, l’exerçoit encore en 1407, suivant une ordonnance du 7 Janvier de ladite année, par laquelle on voit que le nombre des maîtres des eaux & forêts étoit toujours le même. Charles VI. ordonne que le nombre des maîtres des eaux & forêts dont le comte de Tancarville est souverain maître, demeure ainsi qu’il étoit auparavant, savoir en Picardie & Normandie trois ; en France, Champagne, Brie & Touraine deux, & un en Xaintonge.

On tient aussi que Guillaume d’Estouteville fut grand-maître & général réformateur des eaux & forêts de France ; il est nommé dans deux arrêts du parlement, des années 1406 & 1408.

Pierre des Essarts, qui fut prevôt de Paris, fut institué souverain maître & réformateur des eaux & forêts de France le 5 Mars 1411.

Sur la résignation de celui ci, cet office fut donné par lettres du 19 Septembre 1412, à Charles Baron d’Yvry, lequel en fut destitué peu de tems après & sa place donnée d’abord à Robert d’Aunoy, par lettres du 12 Mai 1413, & ensuite à Georges sire de la Trémoille, par d’autres lettres du 18 du même mois. La charge fut même supprimée par les nouvelles ordonnances, nonobstant lesquelles Charles Baron d’Yvry y fut rétabli le 17 Août 1413, & donna quittance sur ces gages de cet office le 7 Avril 1415. Après Pâques il eut procès au parlement au sujet de cet office avec le comte de Tancarville & le sieur de Graville, les 19 Novembre & 4 Janvier 1415, 18 Mai & 14 Août 1416. Du Tillet rapporte que le procureur général soutint que ce n’étoit point un office, & qu’il n’en falloit point.

Cependant Charles VII. n’étant encore que régent du royaume, institua Guillaume de Chaumont maître enquêteur & général réformateur des eaux & forêts de France, par lettres du 20 Septembre 1418 ; il paroît qu’il tint cet office jusqu’en 1424.

Dans la même année Guillaume de Gamaches fut institué grand maître & souverain réformateur des eaux & forêts de France : c’est la premiere fois que l’on trouve le titre de grand maître des eaux & forêts ; on disoit auparavant maître général ou souverain maître. Il exerçoit encore cette fonction en 1428.

Charles de la Riviere fut nommé au lieu & place de Guillaume de Gamaches par lettres-patentes du 21 Mai 1428, sous le titre de grand maître & général réformateur des eaux & forêts ; il n’en fit pas long-tems les fonctions, étant mort l’année suivante.