Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/895

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce que le maître œcuménique & ses docteurs soutetenoient le culte des images, les fit enfermer dans leur college, & y ayant fait mettre le feu pendant la nuit, livra aux flammes la bibliotheque & le college & les savans, exerçant ainsi sa rage contre les lettres aussi bien que contre la religion. Cet incendie arriva l’an 726. Cedren. Theoh. Zonaras.

Maître du sacré palais, (Hist. mod.) officier du palais du pape, dont la fonction est d’examiner, corriger, approuver ou rejetter tout ce qui doit s’imprimer a Rome. On est obligé de lui en laisser une copie, & après qu’on a obtenu une permission du vice-gérent pour imprimer sous le bon plaisir du maître du sacré palais, cet officier ou un de ses compagnons (car il a sous lui deux religieux pour l’aider) en donne la permission ; & quand l’ouvrage est imprimé & trouvé conforme à la copie qui lui est restée entre les mains, il en permet la publication & la lecture : c’est ce qu’on appelle le publicetur. Tous les Libraires & Imprimeurs sont sous sa jurisdiction. Il doit voir & approuver les images, gravures, sculptures, &c. avant qu’on puisse les vendre ou les exposer en public. On ne peut prêcher un sermon devant le pape, que le maître du sacré palais ne l’ait examiné. Il a rang & entrée dans la congrégation de l’Indice, & séance quand le pape tient chapelle, immédiatement après le doyen de la rote. Cet office a toujours été rempli par des religieux dominicains qui sont logés au vatican, ont bouche à cour, un carrosse, & des domestiques entretenus aux dépens du pape.

Maître de la garde-robe, (Hist. mod.) vestiarius ; dans l’antiquité, & sous l’empire des Grecs, étoit un officier qui avoit le soin & la direction des ornemens, robes & habits de l’empereur. Voyez Garde-robe.

Le grand maître de la garde-robe proto-vestiarius, étoit le chef de ces officiers ; mais parmi les Romains, vestiarius n’étoit qu’un simple frippier ou tailleur.

Maître des comptes. (Jurisprud.) Voyez au mot Comptes, à l’article de la chambre des comptes.

Maitre des eaux et forêts, (Jurisprudence.) est un officier royal qui a inspection & jurisdiction sur les eaux & forêts du roi, des communautés laïques & ecclésiastiques, & de tous les autres sujets du Roi, pour la police & conservation de ces sortes de biens.

Ces officiers sont de deux sortes, les uns qu’on appelle grands maîtres, les autres maîtres particuliers.

Quelques seigneurs ont conservé à leurs juges des eaux & forêts le titre de maître particulier ; mais quand ces officiers se présentent pour être reçus à la table de marbre, ils ne prêtent serment que comme gruyers, & n’ont point séance à la table de marbre comme les maitres particuliers royaux. Voyez les deux articles suivans. (A)

Grands-maitres des eaux et forêts, sont ceux qui ont l’inspection & jurisdiction en chef sur les eaux & forêts ; les maîtres particuliers exercent la même jurisdiction chacun dans leur district.

Pour bien développer l’origine de ces sortes d’officiers, il faut observer que tous les peuples policés ont toujours eu des officiers pour la conservation des forêts. Les Romains apprirent cet ordre des Grecs ; ils tenoient cette fonction à grand honneur, puisque l’on en chargeoit le plus souvent les nouveaux consuls, comme l’on fit à l’égard de Bibulus & de Jules-César : ces magistrats avoient sous eux d’autres officiers pour la garde des forêts.

En France, un des premiers soins de nos rois fut aussi d’établir des officiers qui eussent l’inspection sur les eaux & forêts ; c’étoit principalement pour la conservation de la chasse & de la pêche, plûtôt que pour

la conservation du bois, lequel étoit alors si commun en France, que l’on s’attachoit plûtôt à en défricher qu’à en planter ou à le conserver.

Sous la premiere & la seconde race de nos rois on les appelloit forestiers, forestarii, non pas qu’ils n’eussent inspection que sur les forêts seulement, ils l’avoient également sur les eaux ; le terme de forêt qui vient de l’allemand, signifioit dans son origine défends, garde, ou reserve, ce qui convenoit aux fleuves, rivieres, étangs, & autres eaux que l’on tenoit en défense, aussi-bien qu’aux bois que l’on vouloit conserver : ainsi forestier signifioit gouverneur & gardien des forêts & des eaux.

Grégoire de Tours, liv. X. chap. x. rapporte que la quinzieme année du regne de Childebert, roi de France, vers l’an 729, ce prince chassant dans la forêt de Vosac, ayant découvert la trace d’un bufle qui avoit été tué, il contraignit le forestier de lui déclarer celui qui avoit été si hardi de commettre un tel acte, ce qui occasionna un duel entre le forestier & un nommé Chandon, soupçonné d’avoir tué le bufle.

Il est aussi parlé des forestiers dans un capitulaire de Charlemagne de l’an 823, art. xviij. de forestis, où il est dit que les forestiers, forestarii, doivent bien défendre les forêts, & conserver soigneusement les poissons.

On donna aussi le nom de forestiers aux gouverneurs de Flandres, ce qui vient peut-être de ce que ce pays étoit alors presque entierement couvert de la forêt Charboniere, & que la conservation de cette forêt étoit le principal objet des soins du gouverneur, ou plûtôt parce que le terme de forestier signifioit gardien & gouverneur, comme on l’a déjà remarqué. Quelques Historiens tiennent que le premier de ces forestiers de Flandres fut Lideric I. fils unique de Salvart, prince de Dijon, que Clotaire II. éleva à cette dignité vers l’an 621 ; qu’il y eut consécutivement six gouverneurs appellés forestiers, jusqu’à Baudouin, surnommé Bras-de fer, en faveur duquel Charles-le-Chauve érigea la Flandres en comté.

Nos rois avoient cependant toujours leur forestier, que l’on appelloit le forestier du roi, forestarius regis, ou regius, lequel faisoit alors la même fonction que fait aujourd’hui le grand-veneur, & avoit en même tems inspection sur toutes les eaux & forêts du roi.

Le moine Aymoin, en son Histoire des gestes des François, liv. V. chap. xlvij. rapporte que du tems du roi Robert, l’an 1004, Thibaut, surnommé file-étoupe, son forestier, fortifia Montlhéry.

Il ne faut pas confondre ces forestiers du roi, ou grands-forestiers avec les simples juges forestiers, ni avec les gardes-bois, tels que ceux que nous avons encore, que l’on appelle sergens forestiers.

Il paroît que le titre de grand forestier du roi fut depuis changé en celui de maître veneur du roi, quasi magister venatorum, appellé depuis grand-veneur.

Le maître veneur du roi avoit, de même que le grand-forestier, l’intendance des eaux & forêts, pour la chasse & la pêche.

Il étoit aussi ordinairement maître des eaux & forêts du roi, pour la police & conservation de cette partie du domaine, qui étoit autrefois une des plus considérables.

Jean Leveneur, chevalier, qui étoit maître veneur du roi dès l’an 1289, étoit aussi maître des eaux & forêts ; il alla deux fois, en 1298, pour faire des informations sur les forêts de Normandie, & au mois de Juin 1300, sur celles du bailliage de Coutances : il mourut en 1302.

Robert Leveneur son fils, chevalier, étoit veneur dès 1308, & le fut jusqu’en 1312, qu’il se démit de cette charge en faveur de son frere, il prit