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LYCOMIDES, les, (Littér.) famille sacerdotale d’Athènes, consacrée au culte de Cérès éleusinienne ; c’étoit dans cette famille que résidoit l’intendance des mysteres de la déesse, pour laquelle divinité le poëte Musée composa l’hymne qu’on y chantoit. Il étoit heureux d’être de la famille des lycomides ; ainsi Pausanias en parle plus d’une fois dans ses ouvrages. (D. J.)

LYCOPHTALMUS, (Hist. nat.) Les anciens donnoient ce nom à une espece d’onyx dans laquelle ils croyoient trouver de la ressemblance avec l’œil d’un loup.

LYCOPOLIS, (Géog. anc.) c’est-à-dire, ville des loups ; Strabon nomme deux Lycopolis, toutes deux en Egypte, l’une sur les bords du Nil, & l’autre dans les terres, à une assez grande distance de ce fleuve ; cette seconde donnoit le nom au nome ou territoire lycopolite, dont elle étoit la métropole. La premiere Lycopolis pourroit bien être la Munia ou Minio moderne. Voyez Munia. (D. J.)

LYCOPODION, (Chimie & Mat. méd.) Voyez Pié de loup.

LYCOPUS, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale ; mais elle est labiée, & presque campaniforme ; on distingue à peine la levre supérieure de l’inférieure ; de sorte qu’au premier aspect cette fleur semble être divisée en quatre parties ; il sort du calice un pistil attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences arrondies & enveloppées dans une capsule qui a été le calice de la fleur. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

LYCORÉE, (Géog. anc.) Lycorea, quartier de la ville de Delphes en Grece, dans la Phocide, où Apollon étoit particulierement honoré. C’étoit le reste d’une ville antérieure à Delphes même, dont elle devint une partie. Etienne le géographe dit que c’étoit un village du territoire de Delphes ; Lucien prétend que Lycorée étoit une montagne sur laquelle Deucalion fut à couvert du déluge.

LYCORMAS, (Géog. anc.) riviere de Grece, dans l’Etolie ; on l’appella dans la suite Evenus, & puis Chrisorrhoas. C’est le Calydonius amnis d’Ovide, & le Centaureus de Stace : son nom est la Fidari. (D. J.)

LYCURGÉES, s. f. pl. (Antiq. greques.) Λυκουργεία, fêtes des Lacédémoniens en l’honneur de Lycurgue, auquel ils éleverent un temple après son décès, & ordonnerent qu’on lui fît des sacrifices anniversaires, comme on en feroit à un dieu, dit Pausanias ; ils subsistoient encore, ces sacrifices, du tems de Plutarque. On prétendoit que lorsque les cendres de Lycurgue eurent été apportées à Sparte, la foudre consacra son tombeau. Il ne laissa qu’un fils qui fut le dernier de sa race ; mais ses parens & ses amis formerent une société qui dura des siecles ; & les jours qu’elle s’assembloit, s’appellerent lycurgides. Lycurgue fort supérieur au législateur de Rome, fonda par son puissant génie une république inimitable, & la Grece entiere ne connut point de plus grand homme que lui. Les Romains prospérerent en renonçant aux institutions de Numa, & les Spartiates n’eurent pas plutôt violé les ordonnances de Lycurgue, qu’ils perdirent l’empire de la Grece, & virent leur état en danger d’être entierement détruit. (D. J.)

LYCUS, (Géog. anc.) ce mot est grec, & veut dire un loup : on l’a donné à quantité de rivieres, par allusion aux ravages qu’elles causoient lorsqu’elles sortoient de leur lit. Aussi compte-t-on en particulier dans l’Asie mineure, plusieurs rivieres de ce nom ; comme 1°. Lycus, riviere dans la Phrygie, sur laquelle étoit située la Laodicée, qui prit le nom

de Laodicée sur le Lycus. 2°. Lycus, riviere dans la Carie, qui tiroit sa source du mont Cadmus. 3°. Lycus, riviere dans la Mysie, au canton de Pergame, qui avoit sa source au mont Dracon, & se jettoit dans la Caïque. 4°. Lycus, riviere dans le Pont, où elle mêloit ses eaux avec celles de l’Iris : son nom moderne est Tosanlus, & autrement la riviere de Tocat. 5°. Lycus, riviere dans la Cappadoce, ou plutôt dans le Pont cappadocien. 6°. Lycus, riviere dans l’Assyrie, qui se jette dans le Tigre ; Ninive n’en étoit pas éloignée. 7°. Lycus, riviere dans la Syrie, près du golfe d’Issus. 8°. Lycus, riviere dans l’île de Chypre. 9°. Lycus, riviere dans la Phénicie, entre l’ancienne Biblos & Bérythe. (D. J.)

LYDDE, (Géog. anc.) en hébreu Lud ou Lod, en grec Lydda ou Diospolis, & aujourd’hui Loudde, selon le P. Nau, dans son voyage de la Terre-sainte liv. I. chap. vj. Ancienne ville de la Palestine, sur le chemin de Jérusalem à Césarée de Philippe. Elle étoit à 4 ou 5 lieues E. de Joppé, appartenoit à la tribu d’Ephraim, & tenoit le cinquieme rang entre les onze toparchies ou seigneuries de la Judée. Saint Pierre étant venu à Lydde, disent les actes des apôtres, c. ix. v. 33. y guérit un homme paralytique, nommé Enée.

Cette ville est actuellement bien pauvre. Le revenu qu’on en tire, ainsi que de ses environs, est assigné en partie pour l’entretien de l’hôpital de Jérusalem, en partie pour quelques frais de la caravane de la Meque. C’est le metouallo, ou intendant du sépulchre, qui recueille avec grande peine ces revenus, car il a affaire à des paysans & à des arabes qui ne donnent pas volontiers. (D. J.)

LYDIE, (Géog. anc.) Lydia, province de l’Asie mineure, qui a été aussi nommée Méonie. Elle s’étendoit le long du Caistre, aujourd’hui le petit Madre, & confinoit avec la Phrygie, la Carie, l’Ionie & l’Eolide. On trouvoit en Lydie le mont Tmolus, & le Pactole y prenoit sa source. Les notices de Léon le Sage & d’Hiéroclès different entre elles, sur le nombre des villes épiscopales ; le premier en compte 27, & le second 23.

M. Sévin a donné dans le recueil de l’académie des Inscriptions, l’histoire des rois de Lydie ; & M. Fréret y a joint de savantes recherches sur la chronologie de cette histoire. J’y renvoie le lecteur, & je me contenterai de remarquer que le royaume de Lydie, fut détruit par Cyrus roi de Perse, 545 ans avant J. C. après une guerre de quelques années, terminée par la prise de Sardes, capitale des Lydiens, & par la captivité de Crésus, qui fut le dernier roi de ce pays-là. (D. J.)

LYDIEN, en Musique, étoit le nom d’un des anciens modes des Grecs, lequel occupoit le milieu entre l’éolien & l’hyperdorien.

Euclide distingue deux modes lydiens ; celui-ci, & un autre qu’il appelle grave, & qui est le même que le mode éolien. Voyez Mode.

Lydiens, Jeux, (Litter.) nom qu’on donnoit aux exercices & amusemens que les Lydiens inventerent. Ces peuples asiatiques, après la prise de leur capitale, se réfugierent la plupart en Etrurie, où ils apporterent avec eux leurs cérémonies & leurs jeux.

Quelques romains ayant pris goût pour les jeux de ces étrangers, en introduisirent l’usage dans leur pays, où on les nomma lydi, & par corruption ludi. Il paroît que ces ludi étoient des jeux d’adresse comme le palet, dont on attribue la premiere invention aux Lydiens, & des jeux de hasard, comme les dés. Ces derniers devinrent si communs sous les empereurs, que Juvénal déclame vivement dans ses satyres, contre le nombre de ceux qui s’y ruinoient. (D. J.)