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distance de leurs attaches ; ce qui n’est point de même dans la luxation complette. L’entorse est une espece de luxation incomplette. Voyez Entorse.

Une luxation est simple, lorsqu’elle n’est accompagnée d’aucun accident ; & compliquée, lorsqu’elle se trouve avec plaie, inflammation, fracture, &c.

Le prognostic des luxations est relatif à leur espece, à leur cause, & aux accidens qui les compliquent.

La luxation exige la réduction le plutôt qu’il est possible. Il y a des complications qui s’y opposent. Une fracture, une grande tension, une contorsion profonde ne permettent quelquefois pas de réduire une luxation. Si l’os du bras, par exemple, étoit fracturé dans sa partie moyenne supérieure, & luxé dans l’épaule, les extensions convenables pour réduire la luxation ne seroient pas sans inconvénient, & il faudroit absolument abandonner la luxation, à moins que la tête de l’os ne pressât fortement les gros vaisseaux ; ce qui mettroit le malade en danger, & détermineroit à tout tenter plutôt que de différer la réduction.

Lorsqu’elle est possible, il faut faire les extensions & les contre-extensions convenables, qui s’exécutent par le secours des mains seulement, ou avec des lacs & des machines. Voyez Extension, Lacs, Machine pour les luxations.

Quand les extensions sont suffisantes, il faut conduire la tête de l’os dans sa cavité naturelle, en faisant lâcher doucement ceux qui tirent, afin que l’os se replace. Il n’est pas toujours nécessaire de pousser l’os : les muscles & les ligamens qui n’ont pas été trop forcés, le retirent avec action ; il est même quelquefois dangereux d’abandonner l’os à toute la force des muscles : on court risque 1o. s’il y a un rebord cartilagineux, de le renverser en lâchant tout-à-coup, ce qui pourroit causer une ankylose, du-moins le mouvement du membre deviendroit-il fort difficile. 2o. Quand même la vîtesse du retour de l’os ne romproit pas le rebord cartilagineux, la tête de l’os feroit une contusion plus ou moins forte aux cartilages qui encroutent la tête & la cavité. Il est donc nécessaire de conduire l’os doucement dans sa cavité, au moins jusqu’à ce qu’on soit assûré qu’il en prend bien la route.

Il faut observer que cette route n’est pas toujours le plus court chemin que puisse prendre l’os pour rentrer, mais celui par lequel il est indiqué qu’il est sorti de sa cavité. On est obligé de suivre ce chemin, quand même il ne seroit pas le plus court ; tant parce qu’il est déja frayé par la tête de l’os luxé, que parce qu’il conduit à l’ouverture qui a été faite à la poche ligamenteuse par la sortie de l’os. Il n’est pas bien prouvé que ce dogme soit aussi important dans la pratique qu’il est spécieux dans la théorie : on dit fort bien que si l’on ne suit pas le chemin frayé, on en fait un autre avec peine pour l’opérateur, & douleur pour le malade ; que la tête de l’os arrivant à sa cavité, ne trouve point d’ouverture à la capsule ligamenteuse ; qu’elle la renverse avec elle dans la cavité, ce qui empêche l’exacte réduction, & cause des douleurs, des gonflemens, inflammations, dépôts & autres accidens funestes. J’ai vu tous ces accidens dans la pratique, & ils ne venoient pas de cette cause ; j’ai réduit beaucoup de luxations ; je n’ai jamais apperçu qu’on pût distinguer cette route précise de l’os ; on le réduit toujours, ou plutôt il se réduit par la seule route qui peut lui permettre de rentrer, lorsque, par des mouvemens ou méthodiques, ou empyriques, on a levé les obstacles qui s’opposoient au remplacement. Nous parlerons de ces cas au mot machine pour la réduction des luxations.

On connoît que la réduction est faite lorsque dans l’opération on entend un certain bruit qui annonce le retour de la tête dans sa cavité, & que la bonne

conformation, l’usage & le mouvement de l’articulation sont rétablis.

On applique ensuite l’appareil contentif de l’os moins que des topiques nécessaires pour remédier à la tension des parties, & les consoler de l’effort qu’elles ont souffert. Les bandages sont sur-tout nécessaires dans les luxations de cause interne, principalement à celles qui sont produites par la relaxation des ligamens ou la paralysie des muscles : dans ces cas le seul poids du membre met la tête de l’os hors de sa cavité.

Après l’application de l’appareil, on met le membre en situation convenable. Le malade doit être couché dans les luxations du tronc & des extrémités inférieures ; il n’est pas nécessaire qu’il le soit dans les luxations de la mâchoire inférieure, ou des extrémités supérieures. Il faut ensuite que le chirurgien s’applique à corriger les accidens, suivant les diverses indications qu’ils prescrivent.

La nature différente des luxations, par rapport à la nature des parties, à la façon dont elles ont été lésées, aux causes du désordre, aux symptomes & accidens qu’il produit, exige des attentions diversifiées & des procédés particuliers qu’il faut voir dans les livres de l’art. Ambroise Paré parmi les anciens, & M. Petit parmi les modernes, dans son traité des maladies des os, sont les plus grands maîtres qu’on puisse consulter sur cette matiere. (Y)

Machine pour la réunion des tendons extenseurs des doigts & du poignet. Chirurgie, Pl. XX. fig. 6. Cette machine est composée de deux parties, une fixe, & l’autre mobile, unies ensemble par une charniere.

La partie fixe est une gouttiere de dix pans de long, de cinq pouces de large, & de deux pouces de profondeur.

A l’extérieure on voit trois pieces soudées ; au milieu & à l’extrémité antérieure sont des especes d’anses quarrées, par où passent des liens qui assujettissent cette gouttiere à l’avant-bras. Entre ces deux anneaux il y a une crémaillere à quatre crans, dont l’usage est de loger le bec d’un crochet attaché à la piece mobile.

Cette seconde partie de la machine est une espece de semelle, cave intérieurement, convexe à l’extérieur, haute d’environ sept pouces, sur quatre pouces & demi de diametre.

Elle a sur les côtés deux petites fentes, qui servent à passer une bande qui tient la main appliquée sur la palette ; & à ses parties latérales & inférieures, on voit l’attache des crochets.

Pour se servir de cette machine, on la garnit d’un petit lit de paille d’avoine, couvert de quelques compresses, & d’un bandage à dix-huit chefs ; on met l’avant bras sur ces préparatifs, la main étendue ; on panse la plaie, & on soutient la main au degré d’extension convenable, par la piece mobile qu’on fixe au degré d’élévation qu’on juge à propos.

Machine pour la réunion du tendon d’achille, inventée par M. Petit. Voyez Pl. XXXII & XXXIII. Une espece de genouillere de cuir fort, & couverte d’un cuir plus pliant, sert de point d’appui à la force mouvante. La jambe étant pliée, on place dans le pli du jarret, le milieu de cette espece de genouillere. De deux branches qui la composent, la plus large garnie en dedans de chamois, comme d’un coussin, entoure le bas de la cuisse, au-dessus du genou. Elle y est assujettie par deux appendices d’un cuir pliant, qui, comme deux courroies, achevent le tour de la cuisse, & vont passer par deux boucles, au moyen desquelles on serre autant qu’il faut, & l’on assujettit cette partie du bandage. L’autre branche qui est un peu plus étroite, entoure la jambe au dessus du mollet ; elle est matelassée à la