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& qui ne differe de la précédente que par la couleur incarnate de sa fleur. Cette fleur, au rapport d’Athénée, liv. XV. est celle qu’un certain poëte présenta comme une merveille, sous le nom de lotus antoien, à l’empereur Hadrien, qui renouvella dans Rome le culte d’Isis & de Sérapis.

Le fruit de cette plante, qui a la forme d’une coupe de ciboire, en portoit le nom chez les Grecs. Dans les bas-reliefs, sur les médailles & sur les pierres gravées, souvent elle sert de siege à un enfant, que Plutarque dit être le crépuscule, à cause de la similitude de couleur de ce beau moment du jour avec cette fleur. Le lotus antoien est vraissemblablement la même chose que la feve d’Egypte, qui a été assez amplement décrite par Théophraste.

Les autres lotus mentionnés dans les écrits des anciens sont des énigmes qu’on n’a point encore devinées. Nous n’avons point vu ces plantes dans leur lieu natal pour les reconnoître, & les descriptions qui nous en restent sans figures sont très-vagues, très-courtes & très-imparfaites.

Les modernes n’ont que trop imité les anciens à imposer le nom de lotus à plusieurs genres de plantes différentes, à les mal caractériser, à en donner de mauvaises représentations & des descriptions incompletes. C’est un nouveau chaos, qu’on a bien de la peine à débrouiller.

Il y a d’abord le lotus, en françois lotier ou trefle sauvage, genre de plante particulier, dont on compte vingt-trois especes.

Il y a le lotus ou melilotus vulgaris, en françois mélilot, autre genre de plante, qui renferme 14 ou 15 especes. Voyez Mélilot.

Il y a le lotus hortensis, odora, en françois lotier odorant, trefle musqué, qu’on peut regarder comme une espece de mélilot. Voyez Mélilot.

Il y a le lotus d’Afrique, qui est le guajacana augustiore flore de Tournefort, plante originaire des Indes occidentales, & que les Anglois nomment Indian-date-plumb-tree.

Enfin il y a le lotus, arbor africana, que nous appellons en françois micocoulier ; cet arbre dont le fruit parut si délicieux aux compagnons d’Ulysse, qu’après en avoir mangé, il fallut user de violence pour les faire rentrer dans leurs vaisseaux. Voyez donc Micocoulier. (D. J.)

LOUAGE, s. m. (Jurisprud.) qu’on appelle aussi location, est un contrat du droit des gens, par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent que l’un donne à l’autre une chose mobiliaire ou immobiliaire, pour en jouir pendant un certain tems, moyennant une certaine somme payable dans les termes convenus.

On entend par ce terme de louage l’action de celui qui loue, & celle de celui qui prend à titre de loyer ; dans certaines provinces, on entend aussi par-là l’acte qui contient cette convention.

Le terme de louage est générique, & comprend les baux à ferme aussi-bien que les baux à loyer.

Celui qui donne à louage ou loyer est appellé dans les baux le bailleur ; & celui qui prend à loyer ou ferme, est appellé preneur, c’est-à-dire locataire ou fermier.

Le louage est un contrat obligatoire de produit, & produit une action, tant en faveur du bailleur, qu’en faveur du preneur.

L’action du bailleur a pour objet d’obliger le preneur à payer les loyers ou fermages, & à remplir ses autres engagemens, comme de ne point dégrader la chose qui lui a été louée, d’y faire les réparations locatives, si c’est une maison.

Celui qui loue doit avoir le même soin de la chose louée, que si c’étoit la sienne propre ; il ne doit point s’en servir à d’autres usages que ceux auxquels elle

est destinée, & doit se conformer en tout à son bail. Mais on n’exige pas de lui une exactitude aussi scrupuleuse que si la chose lui avoit été prêtée gratuitement, de sorte que quand la chose louée vient à périr, si c’est par un cas fortuit ou par une faute très-légere du preneur, la perte tombe sur le propriétaire ; car, dans ce contrat, le preneur n’est tenu que de ce qu’on appelle en droit lata aut levis culpa.

L’action du preneur contre le bailleur est pour obliger celui-ci à faire jouir le preneur ; le bailleur n’est pas non plus tenu de levissimâ culpâ, mais il est responsable du dommage qui arrive en la chose louée par sa faute, latâ aut levi.

Il y a un vieux axiome qui dit que morts & mariages rompent tous baux & louages, ce qui ne doit pas être pris à la lettre ; car il est certain que la mort ni le mariage, soit du bailleur ou du preneur, ne rompent point les baux, les héritiers des uns & des autres sont obligés de les tenir : mais ce que l’on a voulu dire par cet axiome, est que, comme la mort & le mariage amenent du changement, il arrive ordinairement dans ces cas que le propriétaire demande à occuper sa maison en personne.

En effet, il y a trois cas où le locataire d’une maison peut être évincé avant la fin de son bail ; le premier est lorsque le propriétaire veut occuper en personne ; le second est pour la réparer ; le troisieme, lorsque le locataire dégrade la maison ou en fait un mauvais usage. Voyez la loi Æde au code locato-conducto.

On loue non-seulement des choses inanimées, mais les personnes se louent elles-mêmes pour un certain tems pour faire quelques ouvrages, ou pour servir ceux qui les prennent à ce titre, moyennant le salaire dont on est convenu. Voyez Domestiques & Ouvriers. Voyez au ff. le titre locati, conducti, au code celui de locato conducto, & aux institutes de locatione conduction. Voyez aussi Bail, Congé, Ferme, & ci-après Loyer. (A)

LOUANGE, s. f. (Morale.) c’est le discours, l’écrit ou l’action, par lesquels on releve le mérite d’une action, d’un ouvrage, d’une qualité d’un homme, ou d’un être quelconque. Tous les hommes desirent la louange, ou parce qu’ils ont des doutes sur leur propre mérite, & qu’elle les rassure contre le sentiment de leur foiblesse, ou parce qu’elle contribue à leur donner promptement le plus grand avantage de la société, c’est-à-dire l’estime du public. Il faut louer les jeunes gens, mais toujours avec restriction ; la louange, comme le vin, augmente les forces quand elle n’enivre pas. Les hommes qui louent le mieux, mais qui louent rarement, sont ceux que le beau, l’agréable & l’honnête frappent par-tout où ils les rencontrent ; le vil intérêt, pour obtenir des graces ; la plate vanité, pour obtenir grace, prodiguent la louange, & l’envie la refuse. L’honnête homme releve dans les hommes ce qu’il y a de bien, ne l’exagere pas, & se tait sur les défauts ou sur les fautes ; il trouve, quoi qu’en dise la Fontaine, qu’on peut trop louer, non les dieux qu’on ne tromperoit pas, mais sa maîtresse & son roi qu’on tromperoit.

LOVANGIRI ou LOANGIRO, (Géog.) contrée maritime d’Afrique, dans la basse Ethiopie, au royaume de Loango. Cette contrée est arrosée de petites rivieres qui la fertilisent.

LOVANGO-MONGO, (Géog.) Voyez Loango-Mongo.

LOUBAT, (Géog. anc. & mod.) village d’Asie, dans la Natolie. Cet endroit ainsi nommé par les Francs, Ulabat par les Turcs, Lopadion par les Grecs du moyen âge, Lopadium par Nicétas & Calchondyle, Loupadi par Spon, & Lopadi par Tournefort,