Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/685

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LONGITUDE d’une étoile, s. f. (Astronomie) est un arc de l’écliptique compris depuis le premier point d’aries, jusqu’à l’endroit où le cercle de latitude de l’étoile coupe l’écliptique.

Ainsi, la longitude d’une étoile comme S, (Pl. d’Ast. fig. 32.) est un arc de l’écliptique TL, compris entre le commencement d’aries, & le cercle de latitude TM, qui passe par le centre S de l’étoile, & par les poles de l’écliptique.

La longitude est par rapport à l’écliptique ce que l’ascension droite est par rapport à l’équateur. Voyez Ascension.

Dans ce sens la longitude d’une étoile n’est autre chose que son lieu dans l’écliptique, à compter depuis le commencement d’aries.

Pour trouver la longitude d’une étoile, ainsi que sa latitude, la difficulté se réduit à trouver son inclinaison & son ascension droite. Voyez ces deux mots ; car connoissant ces deux derniers, & connoissant de plus l’angle de l’équateur avec l’écliptique, & l’endroit où l’écliptique coupe l’équateur, il est visible qu’on aura par les seules regles de la Trigonométrie sphérique la longitude & la latitude de l’étoile. Or nous avons donné & indiqué aux mots Déclinaison, Étoile, Ascension & Globe, les différens moyens de trouver l’ascension droite & la déclinaison des étoiles ou des planetes.

La longitude du soleil ou d’une étoile depuis le point équinoxial le plus proche de l’étoile, c’est le nombre de degrés, de minutes qu’il y a du commencement d’aries ou de libra, jusqu’au soleil ou à l’étoile, soit en avant, soit en arriere, & cette distance ne peut jamais être de plus de 180 degrés.

Longitude d’un lieu, en Géographie, c’est la distance de ce lieu à un méridien qu’on regarde comme le premier ; ou un arc de l’équateur, compris entre le méridien du lieu & le premier méridien. Voyez Méridien.

Le premier méridien étoit autrefois placé à l’île de Fer, la plus occidentale des Canaries, & Louis XIII. l’avoit ainsi ordonné pour rendre la Géographie plus simple ; aujourd’hui presque tous les Géographes & les Astronomes comptent les longitudes de leur méridien, c’est-à-dire du méridien du lieu où ils observent : cela est assez indifférent en soi ; car il est égal de prendre pour premier méridien un méridien ou un autre, & on aura toûjours la longitude d’un endroit de la terre lorsqu’on aura la position de son méridien par rapport au méridien de quelque autre lieu, comme Paris, Londres, Rome, &c. Il est pourtant vrai que si tous les Astronomes convenoient d’un méridien commun, on ne seroit point obligé de faire des réductions qui sont nécessaires pour ne pas embrouiller la géographie moderne. On peut en général définir la longitude, le nombre de degrés de l’équateur compris entre le méridien du lieu & celui de tout autre lieu proposé. Vous voulez savoir, par exemple, de combien Pekin, capitale de la Chine, est éloignée de Paris en longitude, amenez Paris sous le méridien commun, & éloignez ensuite ce point vers l’occident, en comptant combien il passe de degrés de l’équateur sous le méridien, jusqu’à ce que vous apperceviez Pekin arrivé sous le méridien ; suivant le grand globe de M. de Lille, vous trouverez 113 degrés de l’équateur, écoulés entre le méridien de Paris & celui de Pekin.

Dans la numération des degrés, le pole arctique étant toûjours vers le haut, la distance qui s’étend à droite jusqu’à 180 degrés, marque de combien un lieu proposé est plus oriental qu’un autre. La distance qui s’étend de même à gauche jusqu’à 180 degrés, marque de combien un lieu est plus occidental qu’un autre. Ce seroit une commodité d’appeller longitude orientale les degrés qui sont à droite

du méridien d’un lieu, jusqu’au nombre de 180 degrés, & longitude occidentale ceux qui s’étendent à la gauche du même méridien, en pareil nombre : mais c’est un usage universel de ne compter qu’une seule progression de longitude jusqu’à 360 degrés.

Longitude, en Navigation, c’est la distance du vaisseau, ou du lieu où on est à un autre lieu, compté de l’est à l’ouest, en degrés de l’équateur.

La longitude de deux lieux sur mer peut s’estimer de quatre manieres ; ou par l’arc de l’équateur compris entre les méridiens de ces deux lieux ; ou par l’arc du parallele qui passe par le premier de ces lieux, & qui est terminé par les deux méridiens ; ou par l’arc du parallele compris entre les deux méridiens, & qui passe par le second de ces deux lieux ; ou enfin par la somme des arcs de différens paralleles compris entre les différens méridiens qui divisent l’espace compris entre les deux méridiens. Or de quelque maniere qu’on s’y prenne il faudra toûjours estimer la distance des méridiens en degrés, & il paroît plus commode de la marquer par des degrés de l’équateur qu’autrement. Mais il faut remarquer que ces degrés ne donnent point la distance des deux lieux : car tous les arcs, soit de l’équateur, soit des paralleles compris entre les mêmes méridiens, ont le même nombre de degrés, & tous les lieux situés sous ces méridiens ont la même différence de longitude, mais ils sont d’autant plus proches les uns des autres qu’ils sont plus près du pole ; c’est à quoi il faut avoir égard en calculant les distances des lieux dont les longitudes & les latitudes sont communes, & les marins ont des tables toutes dressées pour cela.

La recherche d’une méthode exacte pour trouver les longitudes en mer, est un problême qui a beaucoup exercé les Mathématiciens des deux derniers siecles, & pour la solution duquel les Anglois ont proposé publiquement de grandes récompenses : on a fait de vains efforts pour en venir à bout, & on a proposé différentes méthodes, mais sans succès ; les projets se sont toûjours trouvés mauvais, supposant des opérations trop impraticables, ou vicieuses par quelque endroit ; de façon que la palme n’a encore été déférée à personne.

L’objet que la plûpart se proposent, est de trouver une différence de tems entre deux points quelconques de la terre : car il répond une heure à 15 degrés de l’équateur, c’est-à-dire, 4 minutes de tems à chaque degré de l’équateur, 4 secondes de tems à chaque minute de degré ; & ainsi la différence de tems étant connue & convertie en degrés, elle donneroit la longitude, & réciproquement.

Pour découvrir la différence de tems, on s’est servi d’horloges, de montres & d’autres machines, mais toûjours en vain, n’y ayant, de tous les instrumens propres à marquer le tems, que la seule pendule qui soit assez exacte pour cet effet, & la pendule ne pouvant être d’usage à la mer. D’autres avec des vûes plus saines, & plus de probabilité de succès, vont chercher dans les cieux les moyens de découvrir les longitudes sur terre. En effet, si l’on connoît pour deux différens endroits les tems exacts de quelque apparence céleste, la différence de ces deux tems donnera la différence des longitudes entre ces deux lieux. Or nous avons dans les éphémérides les mouvemens des planetes, & les tems de tous les phénomènes célestes, comme les commencemens & les fins des éclipses, les conjonctions de la lune avec les autres planetes dans l’écliptique calculées pour un certain lieu. Si donc on pouvoit observer exactement l’heure & la minute dans laquelle ces phénomenes arrivent dans un autre lieu quelconque, la différence de tems entre ces momens-là & celui qui est marqué dans les tables étant convertie en degrés,