Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/623

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est verdâtre, & donne en la coupant une eau de la même couleur. Ses branches sont chargées de feuilles alternes, longues d’un grand pouce & un peu moins larges, lisses, verd-gai, ovales, & assez semblables à celles de la lauréole. L’eau qui découle de cet arbre en le coupant, est d’une qualité caustique & vénéneuse, faisant enfler les parties du corps humain sur lesquelles elle tombe ; mais le bois de l’arbre seroit admirable pour la construction des navires, car il devient encore plus dur dans l’eau ; les naturels du pays en font divers ustensiles domestiques. (D. J.)

LLIVIA, (Géog.) ville d’Espagne dans la Catalogne, au comté de Cerdagne ; elle est très-ancienne ; mais ce n’est point la Lilia, Lylia, Lybia d’Antonin, ou l’Oliba de Ptolomée. Lilivia seroit plûtôt l’ancienne Julia Lybica du peuple Cerrectani, au pié des Pyrénées, sur les frontieres de France. Julia Lybica est donnée pour ville unique des Cerretains, & Llivia a été la capitale de la Cerdagne ; mais son ancien lustre a passé, & ses murailles même ne subsistent plus. Elle est sur la Segre, à 1 lieue de Puicerda, 2 de Mont-Louis, & 15 de Perpignan. Long. 19. 39. lat. 42. 31. (D. J.)

LO

LO, LOO, LOHE, (Géog.) ces mots demandent à être expliqués, parce qu’ils se rencontrent souvent dans ce dictionnaire en fait de géographie. Lazius prétend que dans le haut allemand, lo, loo, ou lohe veut dire la flamme, & qu’on appelle dans cette langue les comtes d’Hohenlo, ou d’Hohenloo, ou d’Hohenloh, ceux qu’on nomme en latin, commites de altâ flammâ ; dans la basse Allemagne, lo, ou loo signifient un lieu élevé, situé près des eaux & des marais ; c’est en ce sens qu’on les prend dans les mots de Loen, Looveen, Veenlo, Stadt-Loen, &c. Il y a plusieurs noms dans les Pays-bas formés de cette maniere, comme Tongerloo, Calloo, Westerloo, enfin loo signifie quelquefois un lieu ombragé & boisé. (D. J.)

LO, S. Fanum S. Laudi (Géog.) petite ville de France, en basse Normandie, au diocese de Coutances, chef-lieu d’une élection dans la généralité de Caen. Quelques écrivains prétendent qu’elle est ancienne, & que son premier nom étoit Briovera, composé des deux mots, bria ou briva, un pont, & Vera, la riviere de Vire. Mais il paroît plus vraissemblable, qu’elle doit son origine & son premier nom à une église bâtie sous l’invocation de S. Lo, S. Laudus, ou Laudo, évêque de Coutances, né dans le château du lieu, & qui vivoit sous le regne des enfans de Clovis ; il y a de nos jours à S. Lo, une manufacture de serges, de raz, & d’empeignes de souliers, qui en prennent le nom. Cette ville est sur la Vire, dans un terrein fertile, à 6 lieues de Coutances, 58 N. E. de Paris. Long. 16. 32. lat. 49. 7.

L’abbé Joachim le Grand, éleve du P. le Cointe, naquit à S. Lo en 1653. Il fut secrétaire d’ambassade, en Espagne & en Portugal ; ses ouvrages historiques sont curieux & profonds. Il en a composé quelques-uns par ordre du ministere. On lui doit une excellente traduction françoise de la Relation de l’Abyssinie du Pere Lobo, jésuite. Il l’a enrichie de lettres, de mémoires, & de dissertations curieuses. Il avoit déjà donné, long-tems auparavant, une traduction de l’histoire de l’île de Ceylan, du capitaine Ribeyro, avec des additions. Il mourut en 1733, âgé de 80 ans. Voyez le P. Niceron, Mém. des hommes illustres, tom. XXVI. (D. J.

LOANDA, (Géog.) petite île d’Afrique, sur la côte du royaume d’Angola, vis-à-vis de la ville de S. Paul de Léonda. C’est sur ces bords que l’on

recueille ces petites coquilles appellées zimbis, qui servent de monnoie courante avec les Negres ; mais le droit de recueillir ces sortes de coquillages n’appartient qu’au roi de Portugal, car il fait une partie de ses domaines. Outre cet avantage, cette île en procure un autre, celui de fournir la ville d’eau douce. Les Portugais ont ici plusieurs habitations, des jardins où l’on éleve des palmiers, & des fours à chaux qui sont construits de coquilles d’huitres. (D. J.)

Loanda, S. Paul de, (Géog.) ville d’Afrique, capitale du royaume d’Angola, dans la basse Guinée, avec un bon port, une forteresse, & un évêché suffragant de Lisbonne. On y compte un millier de maisons d’Européens, un plus grand nombre encore de maisons de Negres, qui sont les naturels du pays, & quantité d’esclaves. On y trafique par échange, & l’on y mange du pain de manioc. Les zimbis servent de petite monnoie, & les Negres tiennent lieu de la grosse monnoie dans le trafic. Long. 31. lat. méridionale, 8. 45. (D. J.)

LOANGO, ou LOWANGO, (Géog.) royaume d’Afrique dans la basse Guinée, sur la côte de l’Océan éthiopique. Il commence au cap Sainte-Catherine, par les 2 degrés de latitude méridionale, & finit par les 5 degrés de la même latitude, ce qui lui donne 3 degrés ou 75 lieues des côtes nord & sud. Son étendue est & ouest dans les terres est d’environ 100 lieues. Il est séparé du royaume de Congo par le Zaire, la capitale s’appelle Loango.

Les habitans de cette contrée sont noirs, & plongés dans l’idolâtrie ; les hommes portent aux bras de larges bracelets de cuivre : ils ont autour du corps un morceau de drap, ou de peau d’animal, qui leur pend comme un tablier ; ils sont nuds depuis la ceinture en haut, mettent sur la tête des bonnets d’herbes, piqués avec une plume dessus, & une queue de buffle sur l’épaule, ou dans la main, pour chasser les mouches.

Les femmes ont des jupons ou lavougus de paille, qui couvrent ce qui distingue leur sexe, & ne les entrouvrent qu’à moitié, le reste de leur corps est nud par le haut & par le bas. Elles s’oignent d’huile de palmier & de bois rouge mis en poudre ; elles portent toûjours sous le bras une petite natte, pour s’asseoir dessus par-tout où elles vont.

Ce sont elles qui gagnent la vie de leurs maris, comme font toutes les autres femmes de la côte d’Afrique ; elles cultivent la terre, sement, moissonnent, servent leurs hommes à table, & n’ont pas l’honneur de manger avec eux.

Ils vivent les uns & les autres de poisson, & de viande à demi corrompue. Ils boivent de l’eau ou du vin de palmier, qu’ils tirent des arbres.

Le roi est despotique, & ce seroit un crime digne de mort d’oser le regarder boire ; c’est pour cela qu’avant que sa majesté boive, on sonne une clochette, & tous les assistans baissent le visage contre terre ; quand sa majesté a bû, on sonne encore la même clochette, & chacun se releve ; d’ailleurs, le roi mange rarement en présence de ses sujets, & même ce n’est que les jours de fêtes qu’il se montre en public.

Les revenus de l’état sont en cuivre, en dents d’éléphans, en habits d’herbes qu’on nomme lavougus, & dont le monarque a des magasins ; mais les principales richesses consistent en bétail, & en esclaves des deux sexes.

Ce pays nourrit des éléphans, quantité de buffles, de bœufs, de cerfs, de biches, de pourceaux, de volaille. Il abonde en tigres, en léopards, en civettes, & autres bêtes qui fournissent de belles fourrures. On y voit des singes à queue, que Van-den-Broeck a pris pour des hommes sauvages.