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On parle aux levriers en criant, oh levriers ; & quand ils chassent le renard, hare, hare.

LEVROUX, (Géog.) en latin, Leprosum, ou Lebrosum ; ville de France, dans le Berry, élection d’Issoudun. Il est justifié que c’est une ville ancienne, par des vestiges de la grandeur romaine que l’on y remarque encore, tels que la place des arènes, & l’amphithéatre. D’ailleurs, on y a trouvé des médailles & des monnoies romaines. Au commencement du dernier siecle, on y découvrit une lame de cuivre, sur laquelle étoit cette inscription : Flavia Cuba, Firmiani filia, Colozzo Deo Marti suo, hoc signum fecit Augusto ; tout cela paroît prouver que les Romains ont autrefois habité ce lieu : Levroux, est au pied d’un côteau, à 5 lieues d’Issoudun, & à 15 de Bourges. M. de Valois croit que ce lieu fut ainsi nommé, à cause de la multitude de lépreux qu’il y avoit, ou peut-être à cause que c’étoit un endroit où on les recevoit dans des hôpitaux. Long. 19, 15. lat. 47. 2. (D. J.)

LEURRE, s. m. terme de Fauconnerie ; c’est une figure garnie de bec, d’ongles & d’aîles, accompagnée d’un morceau de cuir rouge, qui ressemble un peu au faucon ; les Fauconniers l’attachent à une lesse par le moyen d’un crochet de corne, & s’en servent pour reclamer les oiseaux de proie ; on y attache de quoi les paître, c’est ce qu’on appelle acharner le leurre, parce que c’est un morceau de chair qu’on y met & qu’on nomme quelquefois rappel.

On dit aussi duire un oiseau au leurre, leurrer un oiseau, c’est le faire revenir sur le poing en lui montrant le leurre.

On dit leurrer bec au vent ou contre vent, à l’égard de l’autour & de l’épervier. V. nos Pl. de Chasses.

LEUSE, (Géog.) Lutosa ; petite ville des pays-bas Autrichiens, dans le Hainaut, à 2 lieues d’Ath, 3 de Condé, 5 de Mons, sur un petit ruisseau. Le prince de Waldeck y fut battu par le maréchal de Luxembourg en 1691. Long. 21. 18. lat. 50. 34. (D. J.)

LEUTKIRCH, (Géog.) ville libre & impériale d’Allemagne, en Souabe, dans l’Algow, sur le torrent d’Eschach, à six milles N. E. de Lindau, quatre O. de Kempten, trois S O. de Memmingen. Long. 27. 45. lat. 47. 44.

Jean Faber de l’ordre de S. Dominique, & qui fit tant d’écrits contre les Luthériens au commencement du xvj. siecle, étoit de Leutkirch. Ses principaux ouvrages polémiques, forment 3 vol. in-folio. Celui qu’il intitula Malleus Hæreticorum, le marteau des hérétiques, lui en valut le surnom. Il soutint Zuingle, tant qu’il ne prêcha que contre les indulgences ; mais il fulmina contre ses dogmes & ceux de Luther. Dans la célebre conférence qu’il eut à Zurich en 1526, où on lui alléguoit l’évangile comme regle de la foi, il répondit : « Qu’on auroit bien pu vivre en paix, quand il n’y auroit point eu d’évangile ». Cette vivacité qui lui échappa dans la dispute, ne lui fit point de tort auprès de l’empereur Ferdinand, qui le nomma son confesseur, & lui donna pour récompense de ses travaux l’évêché de Vienne. Erasme en ayant appris la nouvelle, dit que Luther, malgré sa pauvreté, trouvoit encore le moyen d’enrichir ses ennemis. Jean Faber mourut à Vienne en 1541, âgé de 63 ans. (D. J.)

LEUTMÉRITZ, Litomerium, (Géog.) ville de Bohème, capitale du cercle de même nom, avec un évêché suffragant de Prague, érigé en 1655. Elle est sur l’Elbe, à 8 milles N. O. de Prague, & à 10 S. E. de Dresde. Long. 31. 50. lat. 50. 34. (D. J.)

LEVURE, s. f. (Brasserie.) écume qu’on tire de la biere, lorsqu’elle fermente dans la cuve. Voyez Dreche, Brasser, &c.

On s’en sert comme de levain ou de ferment en faisant le pain, à cause qu’elle fait renfler la pâte

en très-peu de tems, & qu’elle rend le pain plus léger & plus délicat. Lorsqu’on en emploie trop, le pain est amer. Voyez Boulangerie.

L’usage de la levure dans le pain est nouveau parmi nous, & il n’y a pas plus de 80 ans qu’il s’est introduit, d’abord par l’avarice des boulangers, & ce n’étoit en premier lieu que furtivement qu’ils l’employoient ; mais Pline assure que cet usage étoit connu des anciens Gaulois.

La faculté de Médecine par un decret du 24 Mars 1688, a déclaré que l’usage de la levure étoit nuisible à la santé ; mais elle n’a cependant pu empêcher qu’on ne s’en servît. Voyez Biere, Brasserie, &c.

LÉWARDE, Leowardia, (Géog.) belle riche & grande ville des Pays-bas, dans la république des Provinces-unies ; elle est capitale de l’Ostergoo, du Westergoo & de Sevenwolden, la résidence du Stadhouder de la province, & le lieu du conseil souverain & de la chancellerie de toute la Frise. Les bâtimens tant publics que particuliers, sont beaux & propres. Elle est partagée par divers canaux, qui facilitent son commerce. Elle est située sur trois rivieres, à 11 lieues O. de Gromingue, 24 N. de Déventer, 26 N. E. d’Amsterdam. Long. 23. 17. lat. 53. 12.

LEWEN ou LEUW, LEUWE, (Géog.) petite ville du Brabant, dans les marais que fait la riviere de Jette, à 4 lieues de Louvain, 2 de Tillemont, 1 de S. Tron. Ses écluses la rendent très-forte. Long. 22. 45. lat. 50. 50.

LEWENTZ, (Géog.) Leuca en latin moderne, ville de la haute Hongrie, au comté & sur la riviere de Gran, dans le gouvernement de Neuhausel, à 5 milles de cette ville, 9 N. E. de Gran. Long. 36. 58. lat. 48. 15.

LEWES, Lesva, (Géog.) ville à marché d’Angleterre, dans le Sussex, sur une éminence. Elle est connue par la bataille qui s’y donna en 1264, sous Henri III. Elle envoie deux députés au parlement, & est à 4 milles de la mer, à 40 de Londres, & presque à mi-chemin entre Chichester & la Rye. Long. 17. 40. latit. 50. 55. (D. J.)

LEXIARQUE, s. m. (Antiq. grecq.) en grec Λεξίαρχος, officier ou magistrat d’Athenes, employé principalement à tenir registre de l’âge & des qualités de l’esprit & du cœur de tous les citoyens qui pouvoient avoir droit de suffrage dans les assemblées.

M. Potter dans ses Archæol. greques, liv. I. ch. xvj. dit que les lexiarques étoient au nombre de six en chef, assistés de trente autres personnes sous leurs ordres.

Ils enregistroient tous les citoyens capables de voter dans une des quatre tribus de la république. On tiroit ensuite de chacune de ces tribus un certain nombre de sujets pour former les prytanes de l’année, & travailler dans les différens bureaux où on les distribuoit, selon les matieres dont la discussion leur étoit renvoyée.

Comme l’on ne recevoit point dans l’assemblée les citoyens qui par le manque d’âge n’étoient pas encore enregistrés, aussi forçoit-on les autres de s’y trouver, & même à une certaine heure fixe.

Les lexiarques en sous-ordre, avec une corde teinte d’écarlate qu’ils tenoient tendue, les poussoient vers le lieu de l’assemblée ; & quiconque paroissoit avec quelque grain de cette teinture, portoit, pour ainsi dire, des livrées de paresse, qu’il payoit d’une amende, au lieu que l’on récompensoit de trois oboles l’exactitude & la diligence.

Tous les citoyens écrits dans le registre dont les lexiarques en chef étoient dépositaires, avoient voix delibérative dès l’âge de vingt ans, à moins qu’un défaut personnel ne leur donnât l’exclusion.

Ainsi l’on n’admettoit point aux voix les mauvais fils, les poltrons déclarés, les brutaux qui dans la