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LÉIRIA, Leiria, (Géog.) ville de Portugal dans l’Estramadure, avec un château & un évêché suffragant de Lisbonne, érigé en 1544. Elle est à 11 lieues S. de Coimbre, 17 N. E. de Lisbonne, entre les torrens de Lis & de Linarez, à trois lieues de la mer. Long. 9. 45. lat. 39. 40.

Leiria est la patrie d’un des grands poëtes de Portugal, de Lobo Rodrigues Francesco. Il fleurissoit au commencement du dernier siecle, & se noya dans un esquif en revenant d’une maison de campagne. Sa piece intitulée Euphrosine, est la comédie favorite des Portugais. Toutes ses œuvres ont été recueillies & imprimées à Lisbonne en 1721 in-fol.

LEISNICK, (Géog.) petite ville d’Allemagne, dans l’électorat de Saxe en Misnie, à 4 milles de Meissen, & à 5 de Leipsick sur la Mulde. Long. 30. lat. 51. 18.

LEITH, ou LYTH, (Géog.) Durolitum selon quelques auteurs ; ville d’Ecosse, avec un port dans la province de Lothiane, sur le golfe de Forth près d’Edimbourg, dont elle est comme le port. Long. 14. 34. lat. 54. 50. (D. J.)

LEIFOURE, Beaume de, balsamum lectorense (Botan.) connu aussi à Paris sous le nom de baume de Condom, mais plus encore sous celui de winsger. Voyez Winsger.

LEITURGE, λειτουργὸς, (Antiquit. greq.) les leiturges chez les Athéniens, dit le savant Potter, étoient des personnes d’un rang & d’une fortune considérables, qui se trouvoient en conséquence obligés par leur tribu ou par toutes les tribus, de s’acquitter de quelque devoir important au bien de l’état, & même dans les occasions pressantes, de fournir à leurs propres frais certaines choses à la république. Voyez Potter, Archæol. grec. l. I. c. 15.

LELA, en langue turque signifie dame, (Herb. & Hist. mod.) ce nom se donne aux grandes dames dans l’Afrique ; & c’est assez le titre d’honneur qu’on y donne à la bienheureuse Vierge mere de Jesus-Christ, pour laquelle les Mahométans ont beaucoup de vénération, aussi-bien que pour son fils : c’est la remarque de Diégo de Torrez. Ils appellent, dit-il, parlant des Maures, Notre Seigneur Jesus-Christ, cidena Ira, ou sidna Ica, c’est-à-dire Notre Seigneur Jesus : & la Sainte Vierge, leta Mariam, c’est-à-dire la dame Marie. Ricaud, de l’empire ottoman.

LÉLEGES, les, (Géog. anc.) ancien peuple d’Asie : Homere les surnomme belliqueux, & Strabon, en parle beaucoup, l. XIII, p. 625. On recueille du discours de ce dernier, que les Léleges étoient un peuple vagabond, mêlé ensuite avec les Cariens, les Pisidiens & autres nations, & que la plus grande partie habitoit le long du golfe d’Adramyte, auprès des Ciliciens d’Homere.

Les Léleges sont encore dans Pausanias un ancien nom des Mégariens & des Lacédémoniens, qui eurent pour premier roi de la Laconie Lélex ; d’où vient que la Laconie en fut appellée Lélégie. (D. J.)

LÉMAN, le lac, (Géog.) Lemanus lacus, lac situé entre la Savoie & le pays de Vaud, dépendant de la république de Berne. On le nomme communément le lac de Genève, & nous avons déja dit, je ne sais où, qu’il a porté le nom de lac de Lauzane, lacus Lauzanius.

La figure de ce lac approche un peu de celle d’un croissant, dont les deux cornes seroient émoussées, & dont l’une des mêmes cornes auroit une grande échancrure par-dedans. Il est vrai que nous en avons de bonne cartes ; mais toutes ne représentent pas sa véritable figure ; ce lac s’étend bien plus contre le nord, & moins du côté de l’orient que plusieurs de ces cartes ne le marquent.

Il est situé entre le 24 degré 10′, & le 25 de longitude, à compter cette longueur depuis l’isle de Fer,

& entre le 46 degré 12′, & le 46 degré 31′ de latitude.

La longueur de ce lac depuis Genève jusqu’à Villeneuve, en passant par le pays de Vaud, est de 15 lieues de marine, dont il y en a 20 au degré ; & ces 15 lieues font 18 lieues trois quarts communes de France ; mais cette distance prise en ligne droite par dessus le Chablais, n’excede pas 12 lieues de marine.

La plus grande largeur de ce lac, à le prendre de Rolle jusqu’au voisinage de Thonon, est de trois à quatre lieues, ou plutôt à cause du biais qui se trouve entre ces deux endroits, sa plus grande largeur doit être seulement estimée environ sept milles toises de France de six piés de roi chacune, ce qui fait un peu plus de trois lieues communes du même royaume, mais ce lac se rétrécit beaucoup ensuite en venant vers Genève ; car depuis Rolle jusqu’à Genève, il n’est guere, que je sache, en aucun endroit plus large d’une lieue marine.

La surface du lac Léman est d’environ 26 lieues communes quarrées, dont chacune a 2282 toises & deux cinquiemes de côte.

La profondeur de ce lac est dans quelques endroits très-considérable, particulierement du côté de Savoie ; cependant on n’a point fait encore d’expériences suffisantes pour la justifier, & le fait en vaudroit la peine. Je prie les physiciens du pays de constater cette profondeur ; car nous ne pouvons faire aucun fonds sur des témoignages de pêcheurs mal-habiles ; témoignages d’autant plus suspects que les uns estiment la plus grande profondeur de ce lac, près de Melleria, à 200 brasses, tandis que d’autres la font monter au double. D’après leur même rapport, ce qu’ils appellent le petit lac de Genève, c’est-à-dire le lac qui s’étend depuis la ville de Nion jusqu’à celle de Genève, n’a nulle part plus de 40 brasses de profondeur ; encore un coup leurs assurances demandent une révision.

Il en est presque de même au sujet des trombes qu’on a observés quelquefois sur ce lac, par exemple en 1741 & 1742 ; les trombes dont nous parlons, sont des especes de vapeurs épaisses qui s’élevent de tems à autre sur le lac Léman, occupent en largeur des 15 à 20 toises, à peu près autant en hauteur, & se dissipent ensuite dans un instant, sans qu’on soit encore suffisamment éclairé sur leurs causes.

Un phénomène beaucoup moins rare que nous offre le lac Léman, est une espece de flux & reflux qu’on y remarque sous le nom vulgaire & ridicule de seiches ; cette espece de flux & reflux, qui se trouve d’une part près de l’embouchure du Rhône, ou bien à l’autre extrémité, près de l’embouchure de l’Arve, doit êtrë vraissemblablement produit par la fonte des neiges, conformément au détail exact & savamment raisonné qu’en a fait M. Jallabert dans l’hist. de l’acad. des Scienc. ann. 1742.

Le lac Léman est en partie formé par le Rhône qui le traverse dans toute sa longueur, en sort à Genève, & y conserve seulement sa couleur jusqu’à une certaine distance : ce lac au contraire de plusieurs autres décroît en hiver, & croît en été quelquefois jusqu’à dix piés & davantage. Les neiges fondues des montagnes dans cette saison, grossissent de leurs eaux, les ruisseaux & rivieres qui entrent dans le lac, & par conséquent le lac lui-même. Il ne se gele presque jamais dans les plus grands froids, parce qu’il abonde en sources vives.

Mais si l’on joint à cet avantage sa belle situation, l’aspect admirable qu’il procure de maisons de plaisance, de villes, de bourgs & de villages, de champs cultivés, de côteaux, de vignobles & de campagnes fertiles, l’excellent poisson de plusieurs sortes qu’il fournit en abondance, sa profondeur, son étendue, la bonté du bassin sur lequel il roule des eaux pures