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du lecteur en présence du peuple, en lui disant : Recevez ce livre, & soyez lecteur de la parole de Dieu : si vous remplissez fidélement votre emploi, vous aurez part avec ceux qui administrent la parole de Dieu.

C’est à l’ambon & sur le pupitre que la lecture se faisoit ; de-là ces expressions de saint Cyprien, super pulpitum imponi, ad pulpitum venire. Des personnes de considération se faisoient honneur de remplir cette fonction. Témoin Julien, depuis empereur, & son frere Gallus, qui furent ordonnés lecteurs dans l’église de Nicomédie. Par la novelle 123 de Justinien, il fut défendu de choisir pour lecteurs des personnes au-dessous de dix-huit ans. Mais avant ce réglement, on avoit vu cet emploi rempli par des enfans de 7 à 8 ans : ce qui venoit de ce que les parens ayant consacré de bonne heure leurs enfans à l’église ; on vouloit par-là les mettre en état de se rendre capables des fonctions les plus difficiles du sacré ministere. Voyez le Diction. de Morery.

LECTICAIRE, lecticarii, s. m. terme d’histoire ecclésiastique, c’étoient, dans l’église grecque, des clercs dont la fonction consistoit à porter les corps morts sur une espece de brancard, nommé lectum ou lectica, & à les enterrer. On les appelloit aussi copiates & doyens. Voyez ces mots à leur place.

Chez les anciens Romains, il y avoit aussi des lecticaires, c’est-à-dire des porteurs de litieres, qui étoient à-peu-près ce que sont chez nous les porteurs de chaise. Voyez Litiere.

Lecticaire, lecticarius, (Littérat.) par Suétone, porteur de litiere ; les Romains avoient deux sortes de lecticaires, les uns qui étoient de leur train, de leur maison, qu’ils avoient à leurs gages, comme nos grands seigneurs ont à Versailles des porteurs de chaise à eux ; les autres lecticaires étoient au public, on les louoit quand on vouloit se faire porter en litiere, comme on loue à Paris des porteurs de chaise qu’on prend sur la place, & qu’on paye pour se faire porter ou l’on veut. Ces lecticaires publics étoient à Rome dans la douxième région au-delà du Tibre ; le nom de lecticaire fut ensuite appliqué dans l’église grecque à ceux qui portoient les morts en terre pour les enterrer, parce qu’on portoir quelquefois le corps mort au bucher dans des litieres chez les Romains. (D. J.)

LECTIONNAIRE, s. m. (Gramm. & Lithurg.) livre d’Eglise qui contient les leçons qui se lisent à l’office. Le plus ancien lectionnaire a été composé par saint Jérôme.

LECTISTERNE, s. m. lectisternium, (Antiq. romaines.) cérémonie religieuse pratiquée chez les anciens Romains dans des tems de calamités publiques, afin d’en obtenir la cessation.

L’an de Rome 354, un mal contagieux qui faisoit mourir tous les bestiaux, jetta la consternation dans la ville. Les duumvirs, après avoir consulté les livres sacrés des sibylles, ordonnerent le lectisterne.

Cette cérémonie ancienne avoit déja été mise en usage au rapport de Valere-Maxime, liv II. chap. iv sous le consulat de Brutus & de Valerius Publicola.

Pendent cette cérémonie, on descendoit les statues des dieux de leurs niches ; on les couchoit sur des lits autour des tables dressées dans leurs temples ; on leur servoit alors pendant huit jours, aux dépens de la république, des repas magnifiques, comme s’ils eussent été en état d’en profiter. Les citoyens, chacun selon leurs facultés tenoient table ouverte. Ils y invitoient indifféremment amis & ennemis, les étrangers sur-tout y étoient admis On mettoit en liberté les prisonniers, & on se seroit fait un scrupule de les faite arrêter de nouveau, après que la fête étoit finie.

Le soin & l’ordonnance de cette fête furent confiés

aux duumvirs sibillins jusqu’à l’an 558 de Rome, qu’on créa les épulons, à qui l’on attribua l’intendance de tous les festins sacrés.

Tite Live, on nous apprenant ce détail, ne dit point si le célebre lectisterne de l’an de Rome 354 produisit l’effet qu’on en espéroit ; mais le troisieme lectisterne qu’on dressa environ trente six ans après l’an 390, pour obtenir des dieux la fin d’une peste cruelle, eut si peu d’efficace, que l’on recourut à un autre genre bien singulier de dévotion ; ce fut à l’institution des jeux scéniques ; on se flatta que ces jeux n’ayant point encore paru à Rome, ils en seroient plus agréables aux dieux.

Casaubon a le premier remarqué sur un passage du scholiaste de Pindare, Olymp. ode I. que les lectisternes étoient en usage chez les Grecs, avant que d’être connus des Romains. Mais les Grecs mêmes avoient pris cette coutume des Medes & autres peuples orientaux, qui couchoient leurs dieux sur les oreillers, pulvinaria, & leur servoient de magnifiques repas.

M. Spon a vu à Athenes un bas-relief de marbre. qu’il croit être la figure d’un lectisterne. Ce bas-relief représente un lit élevé d’un pié, & long de deux, sur lequel est le dieu Sérapis, tenant une corne d’abondance. Il a des fruits devant lui, & son boisseau sur la tête ; plus bas est Isis, & autour d’elle quatre ou cinq figures d’hommes.

Lectisterne est un mot purement latin, qui signifie l’action de dresser, de préparer des lits, a lectis sternendis ; ces lits étoient ainsi préparés dans les fêtes ou pour inviter les dieux à s’y rendre pendant la nuit, ou pour y placer leurs statues & leurs images. Quant à la desserte das mers qu’on leur offroit pendant la durée du lectisterne, comme ils n’y touchoient pas, les prêtres de leurs temples en faisoient leur profit. (D. J.)

LECTOURE, ou LEICTOURE, ou LEITOUR, ou LAICTOURE, en latin Lactora, gen. Lactorum, Lectora, Lectura, Lectorium & Lecturum, (Géogr.) ancienne & forte ville de France en Gascogne, capitale de l’Armagnac, avec un vieux château, & un évêché suffragant d’Ausch. E le est sur une montagne, au pié de laquelle passe la riviere de Gers, à 5 lieues E. de Condom, 8 S. O. d’Agen, 8 N. E. d’Auch, 145 8. O. de Paris.

Cette ville étoit le chef-lieu du peuple Lactorates, dont le nom est marqué dans une inscription romaine ; mais il ne se trouve indiqué nulle part avant l’itinéraire d’Antonin, où l’on voit la ville Lectoure, sur le chemin qui, passant par Ausch, alloit à Comminges. Depuis le cinquieme siécle, le nom Lactora, & celui des évêques de cette ville, se lisent dans les signatures des conciles. Philippe le Bel acquit Lectoure en 1300 d’Elie Talleiran, comte de Perigord.

On lit dans Gruter des copies d’inscriptions antiques trouvées à Leictoure, dans l’une desquelles il y a R. P. Lactorat. & dans une autre Civit. Lactorat. Ces titres de cité & de république marquent une ville libre.

On a aussi découvert un très-grand nombre d’inscriptions tauroboliques à Lectoure ; presque toutes ont été faites sous Gordien III. qu’on nomme autrement Gordien Pie, pour le retour de la santé de cet empereur, quoique cette ville y prît le plus petit intérêt du monde Voyez sur Laictoure modene, Had. de Vallois, not. Gall. p. 259. & M. de Marca dans son hist. de Béarn, liv. I. ch. 10 Long. 18. 16. 53. latit. 43. 56. 2.

LECTURE, s. f. (Arts.) c’est l’action de lire, opération que l’on apprend par le secours de fait.

Cette opération une fois apprise, on la fait des yeux, ou à haute voix. La premiere requiert seulement la connoissance des lettres, de leur son, & de