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Les chauderons ou autres ouvrages ne manquent jamais par les soudures : les pieces n’y feroient de tort qu’en cas qu’on voulût les remarteler, alors la piece se sépareroit.

Voici comment on donne le dernier poli aux ouvrages de cuivre. Après avoir passé les ouvrages à polir par les marteaux de bois sur les enclumes de fer à l’ordinaire, de maniere qu’il n’y reste aucune trace grossiere ; on les met à tremper dans la lie de vin ou de biere, pour les dépouiller du noir qu’ils ont. Eclaircis par ce moyen, on les frotte avec le tripoli, puis avec la craie & le soufre réduits en poudre, & l’on finit avec la cendre des os de mouton. L’outil dont on se sert est une lissoire de fer, qu’on promene sur toutes les moulures & autres endroits.

Lorsqu’on a martelé & allongé une plate de cuivre en lame de 10 à 12 piés de longueur, sur quatre pouces de largeur, & un tiers ou quart de ligne d’épaisseur, on la coupe en filet pour faire le fil de laiton. Pour cet effet on se sert d’une cisaille affermie dans un soc profondément enfoncé en terre. Cet outil ne differe des cisailles ordinaires, qu’en ce qu’il a à l’extrémité de la branche fixée dans le soc, une pointe recourbée qui dépasse les tranchans, & qui s’éleve de 3 à 4 lignes au-dessus de la tête de la cisaille. Cette pointe a une tige qui traverse toute l’épaisseur de la tête ; & comme elle peut s’en approcher ou s’en éloigner, elle détermine la dimension du fil que l’on coupe.

Pour couper la bande de cuivre, l’ouvrier la jette dans la beuse, figure 18 ; car c’est ainsi qu’on appelle l’espece de boîte verticale qu’on voit dans la figure citée, qui embrasse la bande, la contient & la dirige. L’ouvrier tire la bande à lui, l’engage dans les tranchans de la cisaille, pousse une de ses branches du genou, & coupe. La branche qu’il pousse du genou est garnie d’un coussin. A mesure qu’il fait des filets, il les met en rouleau, comme on les voit figure 19.

S’il s’agissoit de mettre en filets une bande fort épaisse, on se serviroit d’un levier mobile horisontalement, & appliqué à la branche de la cisaille que l’ouvrier pousse du genou. On a des exemples de ce méchanisme dans l’attelier de fonderie que nous avons décrit plus haut, en parlant du debit des tables coulées.

Trifilerie. Cette partie de l’usine est à deux étages. Le premier est de niveau avec les batteries ; il y a une roue que l’eau fait mouvoir : cette roue n’a rien de particulier ; l’eau est portée sur elle par une beuse. A l’autre étage on voit un assemblage de charpente, composée de montans assemblés solidement par le bas dans une semelle de 11 pouces d’équarrissage, & par le haut à un sommier de plancher de 15 à 18 pouces d’équarissage. Chacun de ces montans en ont 12 ; ils sont percés d’une mortoise chacun, d’où partent autant de leviers mobiles autour d’un boulart qui les traverse, ainsi que les montans. Ils sont encore garnis de barres de fer, nécessaires au méchanisme & à la solidité. Vers le milieu de leur longueur, ces leviers posent sur des coussins de grosse toile, ou autre matiere molle, dont on garnit les petites traverses à l’endroit où elles reçoivent le choc des leviers quand ils sont tirés. Du reste, cette trifilerie n’a rien de différent de la trifilerie du fil de fer que nous avons décrite à l’article des grosses forges ; voyez cet article. C’est la même tenaille ; c’est le même mouvement ; c’est le même effet.

La roue a à mantonets, figure 20, agit sur la traverse mobile b ; cette traverse b, en baissant, tire à elle la partie coudée e ; cette partie coudée e tire à elle les attaches de la tenaille g ; la tenaille h tirée

serre le fil de laiton & l’entraîne à-travers les trous de la filiere K. Cependant le mantonet de la roue a échappe ; le levier f agit, repousse la partie coudée e ; la partie coudée e repousse les attaches des branches de la tenaille, fait r’ouvrir la tenaille, avance la tête de cette tenaille jusques vers la filiere ; la roue a continue de tourner ; un autre mantonet agit en b, qui retire la partie coudée e ; cette partie retire les attaches de la tenaille ; la tenaille se referme ; en se refermant elle resserre le fil ; le fil resserré est forcé de suivre & de passer par le trou de la filiere, & ainsi de suite.

Ce qui s’exécute d’un côté de la figure citée, s’exécute de l’autre. On multiplie les tenailles & les leviers à discrétion. On voit, figure 19, quatre leviers & autant de tenailles.

La figure 21 montre le méchanisme de la tenaille ; 1 est l’étrier qui entre dans le bout de la partie coudée ; 2 est le tirant de l’attache des branches de la tenaille ; 3 sont les attaches de ces branches ; 4 est la tenaille ; les parties latérales 5, 6. servent à diriger la tenaille dans ses allées & venues. Le reste est le détail desassemblé de la machine.

On voit à l’extrémité de l’attelier, planche 5. une espece de fourneau avec sa grille ; c’est-là qu’on fait recuire le fil de laiton lorsqu’il a passé aux filieres. La chaudiere contient du suif de Moscovie, pour graisser à chaud le fil coupé sur la plate, au premier tirage seulement

La filiere 9, figure 19, est engagée dans deux crochets enfoncés dans l’établi. Il y a encore un étrier de fer contre lequel elle porte.

Il faut dans cet attelier un petit étau & des limes, pour préparer le bout du fil à passer par le trou de la filiere.

Il y a de plus une pelote de suif de Moscovie qui tient à la filiere du côté de l’introduction du fil, & qui le frotte sans cesse.

Au reste, comme il faut que dans toutes les parties de cette machine le mouvement soit doux, on doit les tenir bien graissées.

On voit d’espace en espace derriere les filieres, des montans 10 avec des chevilles ; c’est-là qu’on accroche les paquets de fil de fer à mesure qu’ils se font.

Le plan sur lequel la tenaille est posée est incliné. Sur ce plan il y a deux portions de fil de fer en arc, qui détermine la quantité de son ouverture : par cette précaution elle n’échappe jamais le fil de fer.

On voit, figure 22, la tenaille & ses attaches : c’est encore elle qu’on voit figure 23 ; a est son profil ; b, une piece quarrée où entre la queue de la tenaille, & qui dirige son mouvement entre les jumelles ; c, la clé qui arrête sa queue dans la piece quarrée.

La figure 24 est une piece qui s’ajuste aux attaches de la tenaille ; e, cette piece ; f & g, autres pieces d’assemblage.

On voit, figure 25. Pl. III. en A le dessus d’un fourneau ; en B la grille ; en C les creusets.

Les figures 26 & 27 sont les tours à creuset & à calotte.

Le reste, ce sont les différens instrumens de la fonderie dont nous avons parlé. 1, etnet ou pince à ranger le creuset ; 2, 3, attrappe ou pince ; 4, havet ; 5, bouriquet ; 6, palette ; 7, tenaille double ; 8, polichinelle ; 9, 10, 11, divers ringards ; 12, 13, pinces ; 14, 15, autres ringards ou fourgons ; 16, batte.

Voici l’état des échantillons qu’un naturaliste, qui visite une manufacture telle que celle que nous venons de décrire, se procurera. 1, de la calamine brute, telle qu’on la tire de la mine ; 2, de la cala-