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tartre formoient, avec un grand nombre d’autres alkalis végétaux, un genre d’alkali, dont toutes ces différentes especes étoient exactement identiques : or ces différentes especes employées à la préparation du kermès, produisant constamment le même effet, selon le témoignage des bons observateurs, il est prouvé par la raison & par l’expérience que le choix exclusif de la liqueur de nitre fixe est vraiment puérile. On peut dire la même chose de l’usage de brûler de l’eau-de-vie sur le kermès. Les bons ouvriers regardent cette manœuvre comme une espece de pratique superstitieuse & absolument superflue.

Il y a sur la préparation du kermès un autre probleme important : les lotions exactes & multipliées du kermès le rendent-elles plus actif, plus émétique, ou au contraire ? M. Malouin soutient l’affirmative dans sa Chimie médicinale, & M. Baron adopte le sentiment de son confrere dans les additions à la Chimie de Lemery, ch. déjà cité. Mender prétend au contraire, que le kermès « lorsqu’il n’est pas bien dégagé de son alkali par l’édulcoration est beaucoup plus émétique qu’après qu’on lui a enlevé tout son alkali en l’adoucissant ». Les raisons dont M. Baron étaye son sentiment sont très-plausibles ; mais comme ce ne sont que des raisons de la théorie, & qu’il faut absolument des expériences pour établir d’une maniere décisive les propriétés des remedes ; il restera absolument douteux si le kermès parfaitement lavé est plus ou moins émétique que le kermès lavé négligemment, ou même non lavé ; & c’est pour éclaircir ce doute, & non pour l’employer des à présent avec succès & sans aucune crainte, comme le propose M. Baron, qu’il seroit à propos que les artistes tinssent chez eux, pour l’usage médical, du kermès non lavé, de même qu’ils conservent du kermès bien lavé. (b)

KERMESSE, (Peinture.) ou plutôt KERMIS ; ce mot d’usage dans la langue hollandoise pour signifier une foire, & aussi quelquefois improprement employé par ceux qui ont parlé des ouvrages de peinture des Flamands & des Hollandois, pour designer des représentations de fêtes de village, genre dans lequel Teniers (de Jonghes) & Bamboche ont excellé. Quelques françois, habiles à estropier les mots étrangers, ont écrit Caramesse ; ce qui est une double faute, faute d’orthographe & faute de connoissance de la langue. (D. J.)

KERNE, s. m. (Hist. mod.) nom d’une milice d’Irlande, fantassins. Cambder dit que les armées irlandoises étoient composées de cavalerie, qu’on appelloit galloglasses, & de fantassins armés à la légere, qu’on nommoit kernes.

Les kernes étoient armés d’épées & de dards garnis d’une courroie pour les retirer quand on les avoit lancés.

Kernes dans nos lois signifie un brigand ou vagabond. Voyez Vagabon.

KERN-STONE, s. m. (Hist. nat.) nom que le peuple donne dans quelques provinces d’Angleterre à une pierre spathique qui se trouve environnée de plusieurs couches de sable qui forment comme une croute autour d’elle, & dont elle est comme le noyau. On les trouve dans les endroits sablonneux, dans le voisinage des montagnes. On conjecture avec assez de probabilité qu’elles se sont formées ainsi, parce que la matiere spathique mise en dissolution par les eaux est tombée sur du sable à qui elle a donné de la liaison. Voyez supplément de Chambers.

KERRI, (Géog.) comté d’Irlande dans la province de Munster sur le Shannon ; il a soixante milles de long sur quarante-sept de large, & contient huit baronies. C’est un pays de montagnes couvertes de bois, & de champs labourables en quelques en-

droits; ses lieux principaux sont Adseart, Trilli, Dingle & Castlemain. (D. J.)

KESIL, ou ZAN, (Géog.) suivant M. de l’Isle, & selon d’autres, le Kisilosan autrement nommé le Karp, est une riviere de Perse qui prend sa source dans l’Adirbeitzan, sépare le Ghilan du Lahetzan, & se jette dans la mer Caspienne près de Recht. Oléarius dit que ses eaux sont blanchâtres, & qu’elle est d’une rapidité incroyable. (D. J.)

KESITA, s. m. (Hist. anc.) mot hébreu qui signifie un agneau. Il est dit dans la Genese chap. xxxiij. v. 19, que Jacob acheta des fils d’Hémor un champ cent kesitats ou cent agneaux ou brebis, & au livre de Job, chap. lxij. v. 11, que Job reçut de chacun de ses amis un kesita, ce que la vulgate a traduit par ovem unam, une brebis. Les interpretes ne sont pas d’accord sur la véritable signification de ce mot. Le plus grand nombre pense qu’il signifie une monnoie empreinte de la figure d’un agneau. D’autres conviennent qu’il faut entendre par kesita une monnoie ; mais que la figure empreinte dessus étoit un arc qu’on nomme en hébreu keset, à peu près comme les dariques de Perse portoient un archer. Jonathas & le targum de Jérusalem traduisent cent perles, derivant le mot kesita de caschat qui veut dire orner. Quelques-uns soutiennent que par cent kesita l’on doit entendre autant de mesures de grain, & d’autres enfin veulent qu’il s’agisse d’une bourse pleine d’or & d’argent ; mais quel inconvénient y auroit-il de prendre kesita à la lettre pour cent agneaux ou brebis en nature ? si l’on sait attention que les richesses des patriarches consistoient principalement en troupeaux, & qu’alors les ventes & achats se faisoient par des échanges de marchandises en nature contre des fonds, d’autant plus que l’argent monnoyé étoit fort rare dans ces tems-là, & que si l’on s’en servoit, il n’est pas démontré qu’il portât quelqu’empreinte de figures ou d’animaux.

KESMARK, (Géog.) ville & forteresse de Hongrie, au comté de Scepus, sur la riviere de Paprad, à deux milles de Leutschow, en allant vers le mont Krapack ; son nom en allemand signifie le marché au fromage. Belius en a donné l’histoire dans son Hungariæ antiq. & novæ. (D. J.)

KESROAN, (Géog.) chaîne de montagnes qui font partie du mont Liban en Asie, sur la côte de Syrie. Les Européens l’appellent Castrevent ; c’est, dit la Roque dans son voyage de Syrie, un des plus agréables pays qui soit dans l’orient, tant à cause de la bonté de l’air que de l’excellence des fruits, grains & autre, choses nécessaires à la vie. Il est habité par des Maronites qui ont un prince, & par les Grecs melchites, bonnes gens, doux, humains, vertueux, qui nous rappellent le siecle d’or. (D. J.)

KESSEL, (Géog.) gros village des Pays bas dans la haute Gueldre, avec un château ; c’est le chef-lieu du pays de Kessel sur la Meuse, entre Ruremonde & Venlo. Il fut cédé au roi de Prusse par la paix d’Utrecht. Long. 23. 48. lat. 51. 22. (D. J.)

KESTEVEN, (Géog.) petite contrée d’Angleterre, l’une des trois parties de Lincolnshire ; l’air y est bon, le terroir sec & fertile. Eh quel terroir n’est pas fertile dans ce pays-là ! tout s’y ressent de l’aisance & de la liberté ! (D. J.)

KETIR, (Géog.) ville de la Natolie, peu loin de la mer Noire, entre Prusc & Sinope. Long. 62. latit. 43. (D. J.)

KETMIA, s. f. (Bot.) genre de plante dont la fleur monopétale ressemble à celle de la mauve ; son fruit est oblong, divisé en plusieurs loges, dans chacune desquelles sont contenues des semences de figure sphéroïde. Le sommet du fruit s’ouvre quand il est mûr, & montre ses graines.

M. de Tournefort compte trente & une especes de