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vent se succéder l’un à l’autre sans aucune interruption ; car dans le moment que l’on plie sur une jambe, son mouvement fait relever l’autre, & en se relevant le corps retombe dessus le pié droit en devant ; & en se rejettant dessus le gauche, le corps tombe sur ce pié. On voit par là l’équilibre qu’il faut observer dans ce pas, & la perfection qui en résulte.

Jettée, s. f. (Architect. maritim.) digue ou muraille qu’on fait dans la mer à force d’y jetter une grande quantité de quartiers de pierres, pour servir d’entrée, de mole, d’abri, de couverture à un port, & pour le resserrer à son entrée.

Les jettées sont utiles à plusieurs usages ; 1°. à arrêter le gros galet, ou le sable, ou la vase qui pourroit entrer dans le port, & le combler peu-à-peu ; 2°. à haller les vaisseaux, qui en entrant ne peuvent se servir de leurs voiles, à cause des vents contraires ; 3°. à rompre les vagues, & à procurer la tranquillité aux vaisseaux qui sont dans le port ; 4°. souvent aussi à resserrer le lit de la riviere dont l’embouchure forme le port, & à lui ménager une profondeur d’eau suffisante pour tenir les vaisseaux à flot. La tête des jettées est souvent fortifiée d’une batterie de canon, pour protéger & la jettée, & les vaisseaux qui entrent dans le port. (D. J.)

Jettées, en terme de Fortification, sont des especes de digues, ou larges chaussées qui avancent dans la mer, à l’extrémité desquelles on construit des forts qui défendent l’entrée du port. Voyez l’article Citadelle.

JETTER, verbe, dont jet est le substantif. Voyez l’article Jet.

Jetter, (Marine.) ce terme s’emploie dans différentes significations par les marins.

Jetter dehors le fond du hunier, c’est pousser dehors la voile du mât de hune.

Jetter du blé ou autres grains à la bande, c’est jetter ou pousser vers un seul côté du vaisseau les grains qui étoient chargés uniment & à plat dans le fond de cal ; ce que l’on ne fait que lorsqu’on y est contraint par la tempête ou quelque autre accident, pour alléger un côté, & faire un contre-balancement.

Jetter l’ancre, c’est laisser tomber l’ancre lorsqu’on est dans une rade pour y arrêter le vaisseau.

Jetter le plomb ou la sonde, c’est laisser tomber la sonde pour connoître la hauteur de l’eau, & s’il y a du fond pour mouiller.

Jetter un vaisseau sur des roches ou à la côte, c’est aller donner exprès contre un rocher ou sur la côte pour s’y échouer ; ce que l’on peut faire lorsqu’on espere par ce moyen sauver l’équipage ou les marchandises, dont on voit la perte certaine sans cela.

Tout pilote qui échoue par ignorance est privé pour toujours des fonctions de son état, & même suivant le cas, condamné au fouet. A l’égard de celui qui auroit méchamment & de dessein prémédité, jetté un navire sur un banc ou à la côte, il est puni de mort, & on attache son cadavre à un mât planté près du lieu du naufrage.

Jetter les secondes, en termes de Brasserie ; c’est après avoir tiré les premiers métiers, jetter de l’eau une seconde fois sur la drège.

Jetter en soie, en terme de Boutonnier ; c’est l’action de couvrir un moule de bouton d’une soie tournée sur la bobine en plusieurs brins. Cette bobine est montée sur un rochet (voyez Rochet), sur lequel elle est fixe, quoiqu’en levant la bobine sur la partie moins grosse du rochet, l’ouvrier la fasse tourner à mesure qu’il emploie sa soie ; pendant ce jettage, la bobine est fixe pour que l’ouvrier puisse serrer sa soie autour du bouton ; on jette ainsi tous les moules des boutons d’or ou d’argent façonnés, afin d’asseoir les cerceaux ou les autres ornemens. Voyez

Cerrceaux. On dit aussi jetter en cerceau, ce qui n’est autre chose que de les poser, de les arrêter avec de la soie ou de l’or, &c.

Jetter, en terme de Cirier, c’est verser la cire sur les meches imprimées, & attachées à un cerceau, ou pour m’exprimer plus clairement, c’est la seconde couche de cire dont on enduit les meches. Voyez Imprimer & Cerceau, & nos Planches.

Jetter les Figures de plomb, (Fonderie.) pour les figures que l’on jette en plomb, il faut bien moins de précaution que pour celles de bronze. L’on se contente de remplir les creux avec de la terre bien maniée, que l’on met de telle épaisseur que l’on veut ; puis on remplit tout le moule de plâtre, ou d’un mastic fait avec du tuileau bien pulverisé, dont on fait l’ame ou noyau.

Lorsque l’ame est achevée, on desassemble toutes les pieces du moule pour en ôter toutes les épaisseurs de terre, & ensuite on remet le moule tout assemblé à l’entour de l’ame ou noyau ; mais ensorte pourtant qu’il en soit éloigné de quatre ou cinq pouces. On remplit cet intervalle de charbon depuis le bas jusqu’en haut. On bouche même les ouvertures qui se trouvent entre les pieces du moule, avec des briques, & mettant le feu au charbon, on l’allume par-tout. Cela sert à cuire l’ame, & à secher le plâtre que les épaisseurs de terre avoient humecté. Quand tout le charbon a été bien allumé, & qu’il s’est éteint de lui-même, on a un souflet avec lequel on fait sortir toute la cendre qui peut être dans toutes les pieces du moule. On rejoint ces pieces autour de l’ame, comme on l’a dit ci-devant. On attache bien toutes les chapes avec des cordes, & on les couvre encore de plâtre ; ensuite on coule le plomb fondu dans le moule ; ce plomb remplit l’espace qu’occupoit la terre sans qu’il soit nécessaire d’enterrer le moule comme pour le bronze, si ce n’est pour de grandes pieces.

Jetter le plomb sur toile, (Plombier.) c’est se servir d’une forme ou moule couvert d’un drap de laine, & doublé par-dessus pour jetter le plomb en lames très-fines. Voyez Plomberie.

Cette maniere de jetter le plomb est défendue aux plombiers par leurs statuts ; cependant il y a de certains ouvrages pour lesquels ces sortes de tables de plomb jetté sur toile sont nécessaires. Voyez l’article Plombier, où on a décrit la maniere de jetter le plomb sur toile.

Les facteurs d’orgue jettent ordinairement sur toile l’étain dont ils font certains tuyaux pour cet instrument de musique. La pratique en est semblable à celle qu’on met en usage pour fondre les tables de plomb. Voyez comme ci-dessus & l’article Orgue.

Jetter en sable, se dit en termes de Fonderie, de ce qui est jetté dans de petits moules faits de sable ou de poudre d’ardoise, de piés de mouton, d’os de seche, de cendres & autres choses semblables ; & on appelle pistole sablée, celle qu’on a moulée & jettée en sable, & qui n’a point été faite au moulin ni au marteau. Voyez les fig. du Fondeur en sable.

Jetter, on dit en Peinture & en Sculpture, jetter les draperies, pour en disposer les plis de façon qu’ils annoncent sans équivoque les objets qu’ils couvrent. Ces draperies sont bien jettées ; ce peintre jette bien une draperie. Ce mot de jetter, dit M. de Pile, est d’autant plus expressif, que les draperies ne doivent point être arrangées comme les habits dont on se sert dans le monde ; mais il faut que suivant le caractere de la pure nature, éloignée de toute affectation, les plis se trouvent comme par hazard, autour des membres.

Jetter sur la piece, terme de Potier d’étain : c’est jetter une anse en moule sur un pot à vin ou à l’eau, ou autre piece à qui il faut en joindre une au-