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Presque toute la côte méridionale est bornée par une chaîne de montagnes, qui enferme une vaste région presque inaccessible ; c’est entre cette chaîne & la mer, que se trouve le pays de Kadoevang, qui est soumis à l’empereur ; mais cet empereur même ne regne que par la protection que lui donne la compagnie ; à plus forte raison peut-elle compter sur les vassaux de cet empereur. De plus elle ne doit rien craindre des peuples qui sont entre la mer & les montagnes au midi de l’île ; en un mot, elle a par tout la supériorité territoriale, & finalement ce qui lui assure la possession de la grande Java, c’est la conquête qu’elle a fait de l’île de Madura, qui lui est assurée par un traité conclu en 1725, & exécuté jusqu’à ce jour.

L’île de Java en renferme plusieurs autres ; elle est traversée par diverses grandes montagnes, & coupée par quantité de rivieres ; elle produit beaucoup de riz ; on y recueille du poivre, du gingembre, des oignons, de l’ail ; elle abonde en fruits, cocos, mangues, citrons, concombres, citrouilles, bananes, pommes d’or, &c. On n’y manque ni de drogues, ni de gommes, ni d’épiceries ; on y a très abondamment des bêtes domestiques & sauvages, des bœufs, des vaches, des brebis, des chevres, & même des chevaux ; la volaille, les paons, les pigeons, les perroquets y multiplient à souhait.

Les lieux inhabités sont peuplés de tigres, de rinocéros, de cerfs, de bufles, de sangliers, de fouines, de chats sauvages, de civettes, de serpens ; & les rivieres ont des crocodiles très-dangereux pour ceux qui s’y baignent, ou qui se promenent sur le rivage sans précaution. Quelques montagnes de l’île font des volcans, qui jettent bien loin des cendres, des flammes, & de la fumée.

La religion des Javans est la mahométane, que leur a porté un arabe, dont le tombeau est en grande vénération dans le pays. Les Européens y professent comme en Hollande, la religion réformée : Valentin qui a séjourné long-tems dans cette île, en a publié en hollandois la description la plus exacte, mais trop diffuse, & compilée sans ordre ; l’article qu’en a donné M. de la Martiniere, ne laisse rien à desirer.

La grande île de Java gît ès-quart de sud-est, près de l’île de Sumatra, entre le 123 & le 134d de long. & entre le sixieme d de lat. sud pour sa partie la plus septentrionale, & 8 d. 30′. pour sa partie la plus méridionale.

La petite Java s’appelle autrement l’île de Bali, & est située à l’E. de l’île de Java ; elle n’a que douze lieues d’Allemagne de circuit : on remarque au sud de cette île un grand cap très-haut.

Le cap du nord gît par les 8 d. 30′. de lat. sud ; l’île de Bali est très-peuplée ; ses habitans sont idolâtres, noirs, & ont des cheveux crépus ; le pays abonde en coton, en riz, en gros & menu bétail, & en chevaux de la plus petite race ; les fruits les plus communs, sont des noix de coco, des oranges, & des citrons, dont on voit des lieux incultes & des bois tous remplis ; la mer y est des plus poissonneuses ; le prince de Bali exerce sur ses sujets un empire absolu ; son île est une rade commune pour les vaisseaux qui vont aux îles Moluques, à Banda, Amboine, Macassar, Timor, & Solor ; ils viennent tous relâcher ici pour y prendre des rafraîchissemens, à cause de l’abondance & du bon marché des denrées ; la ville capitale de l’île porte aussi le nom de Bali. (D. J.)

JAVARIS, s. m. (Hist. nat. Zoologie.) animal quadrupede assez semblable au sanglier, qui se trouve dans quelques parties de l’Amérique ; ses oreilles sont très-courtes, & il n’a presque point de queue ;

son nombril est sur le dos ; il y a de ces animaux qui sont tout noirs ; d’autres sont mouchetés de blanc ; ils ont un cri plus desagréable que celui du cochon ; leur chair est assez bonne à manger ; ils sont difficiles à prendre, parce que, dit-on, ils ont sur le dos une ouverture par où l’air entre & rafraîchit leur poûmon, ce qui fait qu’ils peuvent courir long-tems sans se fatiguer ; d’ailleurs ils sont armés de fortes dents ou défenses.

JAVART, s. m. (Maréchallerie.) c’est une petite tumeur qui se résoud en apostume au bourbillon, & se forme au paturon sous le boulet, & quelquefois sous la corne : le javart nerveux est celui qui vient sur le nerf, & javart encorné, celui qui vient sous la corne. Il faut dessoler le plus souvent un cheval qui a un javart encorné, & lui couper le tendon. Voyez Dessoler. Dictionn. de Trévoux.

JAVEAU, s. m. (Jurisprud.) terme usité en matiere d’eaux & forêts, pour exprimer une île nouvellement formée au milieu d’une riviere par alluvion ou amas de limon & de sable. Voyez l’ordonnance des eaux & forêts, tit. I. art. jv. (A)

JAVELINE, s. f. (Art milit.) on appelloit ainsi une espece de demi-pique dont les anciens se servoient. Elle avoit cinq piés & demi de long, & son fer avoit trois faces aboutissantes en pointe ; on s’en servoit à pié & à cheval : cette arme est encore en usage parmi les cavaliers arabes, ceux du royaume de Fez & de Maroc. Elle a environ huit piés de longueur ; le bois va un peu en diminuant depuis le milieu jusqu’au talon, où il y a une espece de rebord de plomb ou de cuivre, du poids d’une demi-livre ; la lance d’un grand pié de long très-aiguë & très tranchante, de deux pouces ou environ dans sa plus grande largeur, avec une petite banderolle sous le fer. Les Maures se servent de cette javeline avec une adresse surprenante ; ils la tiennent à la main par les bouts des doigts & en équilibre ; & le poids qui est à l’extrémité du talon fait que le côté du fer est toûjours plus long que vers le talon ; ce qui sert à faire porter le coup plus loin.

M. le chevalier de Folard prétend qu’on ne peut rien imaginer de plus redoutable que cette arme pour la cavalerie. Le moyen, dit-il, d’aborder un escadron armé de la sorte, qui au premier choc jette un premier rang par terre, & en fait autant du second, si celui-ci veut tenter l’avanture, chaque cavalier étant comme assûré de tuer son homme ; car il porte son coup de toute la longueur de son arme, en se levant droit sur les étriers. Il se baisse & il s’étend jusques sur le cou de son cheval, & porte son coup avec tant de force & de roideur, qu’il perce un homme d’outre en outre, avant qu’il ait eu le tems de l’approcher, & il se releve avec la même légereté & la même vigueur pour redoubler encore. Le lancier n’avoit qu’un coup à donner, & ce coup n’étoit jamais sans remede, l’ennemi pouvant l’éviter en s’ouvrant ; mais rien ne sauroit résister contre la lance des Maures, qui charge par coups redoublés, comme l’on feroit avec une épée. Comment. par Polybe, par M. le chevalier Folard.

* JAVELLE, s. f. (Econ. rustiq.) c’est la quantité de blé, d’avoine, de seigle, ou d’un autre grain qui se moissonne, que le moissonneur peut embrasser avec sa faucille & couper d’une seule fois : on ramasse les javelles, & l’on en forme des gerbes.

On appelle avoines javelées, celles dont le grain est devenu noir & pesant par la pluie qui les a mouillées en javelles. De javelle, on a fait le verbe javeller : javeller, c’est mettre le grain en javelle, pour le faire sécher ; il faut laisser javeller le blé pendant trois ou quatre jours : dans les saisons pluvieuses, le blé est plus long-tems à javeller.